Cameroun: Comprendre la réélection de l’inoxydable Cavaye

Cavaye Yeguie, NIAT et Paul BIYA

La reconduction de Cavaye au perchoir n’est pas une surprise pour ceux qui scrutent la vie politique nationale.

La logique du régime voulait que Cavaye se succède à lui-même. L’establishment du système Biya est assuré ou préservé. La 3ème personnalité de la République depuis des lustres, vient d’éventrer tous les scénarios catastrophes écrits à son endroit par quelques naïfs ou amateurs de la scène politique camerounaise. Cavaye encore et vive Cavaye qui à 80 ans sonnés va au cours des 5 ans à venir se hisser encore aux manettes de l’instance faîtière des lois au Cameroun. Que cela plaise ou pas, l’homme rentre de plein pied dans le dispositif stratégique de conservation du pouvoir de Paul Biya. Le natif de Mada, depuis 1992 manie avec dextérité le bâton et le carotte parlementaires pour la pérennisation de l’architecture de l’homme du Renouveau. Paul Biya pouvait-il courir le risque de le mettre sur la touche au moment où la maladie et toutes les rumeurs conjuguées de Yaoundé l’éloignaient du perchoir ? Possible ou probable. Mais on ne perdra pas de vue que si le Président l’eût fait, le fidèle vieil homme à sa politique depuis 1982, qui l’a encore et comme toujours soutenu au cours de l’élection présidentielle mouvementée de 2018, eût pu lâcher, précipiter dans l’au-delà par la trahison des siens et surtout par Paul Biya.

A ce niveau, le numéro un camerounais a donc désormais la conscience tranquille. L’autre problématique, et non des moindres est que Cavaye n’a pas encore totalement digéré le fait que son ami lui a refusé depuis 2013 la possibilité d’être le Numéro 2 de la République comme il en avait toujours été depuis 1992. Il en souffre silencieusement même si à chaque cérémonie de présentation des vœux, il s’empresse de griller la politesse à Niat, la 2ème personnalité. Paul Biya doit le comprendre et analyser cette dérive constante comme le signal d’une amitié blessée ou trahie. En troisième lieu, le chef de l’Etat camerounais, lui-même dans son vénérable vieil âge ne pouvait à aucun moment penser de se séparer de Cavaye sans faire son propre procès à lui. L’opinion aurait sauté sur l’occasion, par un effet domino, pour demander au triumvirat d’aller se reposer. C’est une posture probable que Paul Biya, en vieux briscard de la politique saisit bien et garde ses compagnons de route avec lui, jusqu’à la gare comme dit au Cameroun, avec des fortunes diverses, en fonction des capacités de résilience des uns et des autres aux intempéries du temps qui passe. Sur ce coup, Paul Biya, quoi l’aîné, damne le pion à ses amis.

Le dernier point est que Cavaye est le fusible politique de l’Extrême-Nord ou du Septentrion. Dans une zone où les hommes politiques semblent de plus en plus déterminés à s’émanciper du « mentorship » des aînés, enlever Cavaye aurait laissé un grand boulevard à l’inconnu, où chacun à sa convenance viendrait faire son marché politique à moindre frais. Sur ce point Cavaye est coriace et défend sonterritoire par tous les moyens, même si on peut se demander jusqu’à quand encore, car l’élection du Maire de la ville a permis de saisir le désir d’émancipation de la région, entre autres indices. Un temps qui passe.

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