Cameroun: Comment le ministre Eyebe Ayissi a roulé contre Paul Biya

Démission en cascade au sein du Rdpc dans la Lékié.

En 10 ans, aucune infrastructure nouvelle n’a été construite dans ce département. Bien au contraire, les quelques salles de classe, routes, et projets de développement ont tous été dévastés faute d’entretien. Autopsie d’un département fidèle à Paul Biya décidé à basculer dans l’opposition.

Le mémorandum récemment rendu public par certains militants du parti au pouvoir dans la Lékié est le signe d’une rupture entre l’élite politique et la population locale.

En raison d’un grand malaise, plusieurs centaines de jeunes ont décidé de quitter le parti de Paul Biya. Au banc des accusés, le ministre Eyebe Ayissi, personnalité ressource du Rdpc dans le département et les autres élites. Selon l’un des porteurs de ce mémorandum, le Rassemblement démocratique du peuple Cameroun (Rdpc) est pris en otage par des caciques de la Lékié «qui ne veulent pas voir la jeunesse émergée.

Ils n’ont jamais pensé à changer les conditions de vie de leurs populations ». De sources concordantes soutiennent que la Lékié est embastillée dans la misère totale et profonde due à l’absence des infrastructures routières, sanitaires et éducative. « On s’est demandé pourquoi on soutient Paul Biya depuis 1982 ? Nos élites si rusées et fanfaronnantes, nous ont dupées. Notre département est devenu le péril jeune à cause des élites ».

Comment comprendre le mutisme du ministre Eyebe Ayissa face à cette démission en cascade ? Pour nombre de militants du Rdpc dans la Lekié accostés par nos soins, l’actuel ministre du cadastre et des affaires foncières serait le responsable en chef de ce qui arrive au parti dans ce département. Au cas où les revendications des militants sont fondées, comment comprendre cette haute trahison dans une localité considérée comme le bastion imprenable du Rdpc ?

Mohamat Gandhi avait dit que l’homme dont il se méfiait le plus, c’était le menteur. Le mensonge est le précurseur de la trahison. La Lékié a-t-elle été un feu de paille, un exemple de faux semblant ? L’ennemi est peut-être celui-là qui se tient derrière vous, le couteau dans le dos, attendant de vous poignarder impunément. Mais au lieu de se figer sur la conséquence, le parricide, peut-être vaut-il mieux s’interroger sur les causes de cette trahison. La Lékié avait pourtant jusque-là brillé par son audace primesautière. Elle souvent, celle qui, avant-gardiste, se précipitait à travers des prises de positions, à crier son soutien à Paul Biya.

Ce département est le premier à avoir demandé à Paul Biya de présenter sa candidature lors de la dernière présidentielle. La Lékié a été aussi l’un des premiers départements à soutenir le discours du président Paul Biya annonçant le Grand dialogue national pour résoudre la crise dans les régions du Nord-Ouest et le Sud-ouest.

Ses élites ont toujours brillé par leur capacité de mobilisation financière. Eyebe Ayissi, l’actuel ministre du cadastre et des affaires foncières, est l’un de ceux-là. Toujours prêt à dégainer son carnet de chèque, lorsque la cause biyahiste est en jeu dans ce département considéré comme la fille aînée du renouveau. Il est allé jusqu’à tenter d’enterrer la hache de guerre avec Ndong Soumhet, une autre élite du coin, pour l’amour du pygmalion. Malheureusement, le peuple qui a trop attendu de cette élite, a eu du mal à voir des désidératas comblés.

Par ailleurs, lorsqu’en Afrique, le peuple nous tourne le dos, comme c’est le cas avec les démissions en cascade au sein du Rdpc dans le département de la Lékié, il faut y réfléchir par deux fois. Ce d’autant plus que lors de la présidentielle du 07 octobre dernier, les chefs traditionnels de la Lekié ont décidé de tracer un boulevard de bénédictions à Joshua Osih, candidat du Sdf. Plus qu’une hérésie politico-traditionnelle, il s’agit bien d’un reniement.

Dans tous les cas, on imagine bien que cette élite désavouée par les chefs et partant par les populations, auront à cœur de réparer l’impair. Serait-il possible ? En politique, on dit qu’il n’y a jamais d’ennemis éternels.

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