Depuis la signature de la plate-forme entre l’Undp de l’opposant Bello Bouba et le parti au pouvoir en 1997, le Rdpc n’a jamais tenu à sa parole.
Leur union semblait inoxydable. Mais vingt-trois ans après la signature par Bello Bouba Maigari, président national de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), de la plate-forme avec le pouvoir, le débat est vif: simulacre de collaboration ou avancée historique ? Une partie des militants en tout cas s’estime affaiblie. Des cadres du parti dénoncent avec véhémence le non-respect par le parti au pouvoir des clauses de la plate-forme de novembre 1997. Laquelle plate-forme stipule entre autres, l’octroi de quatre postes ministériels à l’Undp dans le gouvernement et de quelques postes de hauts cadres dans l’administration. Mais vingt-trois années après, le constat reste amer. Non seulement le butin n’est plus à la mesure des termes du « contrat », mais bien plus, la plate-forme mérite d’être retouchée pour l’adapter au contexte, estiment des responsables de l’Undp.
De quoi les désespérer, et de quoi conforter aussi dans leur conviction cette frange de plus en plus large des militants pour qui il n’est de bon « ami » qu’utilitaire et de bonne politique que celle du ventre. « La vérité, c’est que depuis le début, Bello Bouba a son propre agenda. Il ne roule que pour lui-même », lance un dignitaire du parti. En 2016, déjà, le sénateur Pierre Flambeau Ngayap, qui est l’un des bénéficiaires de cette alliance entre le Rdpc et l’Undp (il est sénateur nommé par le Paul Biya), estimait que dans l’ensemble, les retombées de cette alliance relèvent du menu fretin. « L’Undp n’est pas contente de la plateforme », avait indiqué le parlementaire. « La plupart des militants savent que la plateforme ne convient pas à l’Undp », avait-il ajouté, avant de relativiser. « Comme tout n’est jamais tout blanc ou tout noir, l’Undp tire à peine 20% de cette affaire-là, pourtant on mérite 50% ».
Tensions au sein de l’Undp
Une source proche du président national, Bello Bouba Maïgari, la plate-forme qui unit ce parti au Rdpc depuis 1997 «pour la préservation de la paix et pour la promotion de la démocratie» doit être revisitée. «Nous réclamerons plus de postes ministériels et dans la haute administration comme stipulé dans notre plate-forme », soutient-il.« Si la réponse n’est pas positive, la plate-forme serait remise en cause car elle ne répond plus aux objectifs que nous nous sommes fixés depuis 1997», poursuit notre source.
Visiblement, pour certains cadres du parti de Bello Bouba, la pilule est dure à avaler. Le problème de cette alliance, apprend-on, vient du fait que le groupe de suivi qui avait été mis en place à la création de la plateforme, ne fonctionne plus. « La dernière réunion dudit groupe remonte à janvier 2000 », précise un autre proche de Bello Bouba. Ce groupe, renseigne notre source, a encore en son sein des membres qui ont quitté l’Undp depuis. « Il y a nécessité d’actualiser ce groupe et de le faire fonctionner », estime notre source.
Des positions en apparence irréconciliables, qui créé de fortes secousses au sein même de l’Undp. Il faut signaler qu’au cours de la dernière élection présidentielle d’octobre 2018, l’Undp qui totalise aujourd’hui sept députés et 16 mairies, a battu campagne aux côtés du Rdpc et s’est d’ailleurs réjoui de la large victoire de M. Biya. Selon nos informations, le parti réfléchit à une nouvelle approche de collaboration avec le parti au pouvoir.
Une idée qui avait déjà animé le parti au cours des assises du Comité central en septembre 2011 au Palais des congrès de Yaoundé, à la veille de la présidentielle de la même année.
Le secrétaire général du comité central du Rdpc de l’époque, René Emmanuel Sadi, porteur d’un message de Paul Biya, viendra calmer les tensions. «Le président de la République, président national du Rdpc m’a envoyé dire aux militants et responsables de l’Undp, parti allié du Rdpc, son intérêt et son attachement à l’alliance entre nos deux partis et que celle-ci se poursuivra dans le respect des intérêts des deux camps», avait alors déclaré René Emmanuel Sadi. Fort de ce renouvellement du «pacte de confiance», l’Undp appellera à voter Paul Biya le 9 octobre 2011. A en croire nos sources au sein de l’Undp, le prochain gouvernement devrait constituer un indicateur sur l’avenir de l’alliance avec le parti de Paul Biya.
Pour l’heure, l’Undp compte seulement un ministre au sein du gouvernement, le ministre d’État, ministre du Tourisme et des Loisirs depuis décembre 2011, Bello Bouba Maigari.