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Cameroun – Cinquantenaire: Ces absences de la fête de Buea

Ville de Buea

Enfin, les festivités marquant la commémoration du cinquantenaire de la Réunification ont commencé avec le colloque scientifique de Buea.
Demain, sur l’ensemble de la République, les Camerounais vont vivre la fête avec des fortunes diverses. Le pivot de l’événement se passera à Buea où Paul Biya participera à la parade militaire et aux manifestations de tout genre.
A l’annonce de la tenue de cet événement tant attendu, l’effervescence a gagné notre pays jusqu’au fond des villages. Dans les ministères, les fonctionnaires courraient dans tous les sens en quête d’un hypothétique ordre de mission pour se rendre à Buea, chef-lieu de la région du Sud-ouest où les cérémonies auront lieu le 20 février prochain. Nous avons aperçu des cortèges de véhicules du centre d’entraînement de la Garde présidentielle de Minkan près d’Obala, converger vers le Sud-ouest.
Les concessionnaires des véhicules de gros gabarit ont vu leur parc autos se vider, des particuliers disposant des voitures de même acabit ont tous placé leurs engins en location aux prix forts. Les organisateurs de la fête n’ont pas fait dans la dentelle afin que rien ne manque. Les ministres qui ont des responsabilités dans le déroulement des événements se sont rendus à Buea, afin de s’assurer que leur département ministériel ne sera pas défaillant de ses responsabilités liées à la fête.
Réjouissons-nous que la fête ait finalement lieu. Elle marquera, ne serait-ce que symboliquement, une commémoration de cet événement dont le Cameroun a rêvé et souhaité de tous ses vœux depuis le temps de ses héros de l’indépendance. Ces héros se sont battus, certains ont payé de leur vie pour que les deux Cameroun, situés de part et d’autre du fleuve Mungo, se retrouvent afin de vivre â jamais ensemble. Ce rêve fut donc concrétisé le 1er octobre 1961.

De nombreux Camerounais souhaitaient que cette fête se déroulât le jour même de son avènement consacré. Ce ne fut pas le cas. Les Camerounais l’attendaient néanmoins. De la fête a proprement parler, il n’en sera pas question. Elle sera la fête d’une personne: le Président de la République. La République entière fêtera son arrivée à Buea, son discours, ses actions et son départ de la vieille ville coloniale.

Une fête populaire se prépare, en association et avec la participation de toutes les couches de la nation. Elle se prépare en fonction d’une date connue. Tel n’a pas été le cas de cette commémoration de la Réunification du Cameroun. Trois ans après la date de l’avènement, les Camerounais croyaient revivre le spectre du comice agro-pastoral d’Ebolowa qui, ayant été reporté en 1990 pour raison de « déficit budgétaire », finit par se tenir dans la même ville, 21 ans plus tard.

Chaque fois que le Président de la République est concerné par un événement, celui-ci échappe à toutes les logiques d’un « événementiel » normal. Le cabinet civil et la sécurité présidentielle s’accaparent de tout, lui ôtent tout aspect populaire et festif, pour que Paul Biya devienne le barycentre de la fête. Nous le vivons chaque année avec la finale de la Coupe du Cameroun; nous n’avons vécu avec le comice agro pastoral d’Ebolowa en 2011. Buea ne fera pas l’exception.

Un monument symbole de l’unité du Cameroun sera inauguré ce matin par le chef de l’Etat. C’est un acte fort et un ciment pour ce peuple chaque jour fier de sa diversité ethnique, culturelle, linguistique et confessionnelle. Cette fierté d’appartenir à un seul pays indivisible transcende les provocations des politiques, qui fabriquent les divisions et entretiennent des antagonismes pour leurs seuls intérêts.

La fête aurait été davantage belle au pied du Char des dieux si, en dévoilant les charmes du monument symbole, Paul Biya avait pareillement posé une gerbe de fleurs sur le panthéon de ceux qui ont, soit versé leur sang pour l’indépendance et cette réunification, soit consolidé ces acquis de notre unité, sans laquelle, cette fête n’aurait jamais eu lieu. Il faut du courage en politique pour poser des actes forts qui entrent dans l’Histoire. Ce sont ces actes qui manquent à la fête de Buea.

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