Une scène d’une rare violence s’est déroulée ce lundi à Bruxelles, plongeant à nouveau les relations entre le gouvernement camerounais et certains membres de la diaspora dans une spirale de tension inquiétante. Le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique, Mounouna Foutsou, a été violemment pris à partie par des activistes de la Brigade Anti-Sardinard (BAS), un incident qui soulève de graves questions sur la sécurité des officiels camerounais à l’étranger et sur les fractures qui traversent la société camerounaise.
Un ministre enfariné et ensanglanté lors d’une violente agression
Contrairement à la tentative avortée du week-end dernier, où les militants avaient confondu le ministre avec le Professeur Bertin Kouayep, cette fois-ci, la BAS a atteint sa cible. Selon des informations recueillies par 237online.com, les activistes ont fait irruption dans une salle où se tenait une présentation littéraire à laquelle participait le ministre, provoquant une scène de chaos généralisé.
Des images et vidéos circulant massivement sur les réseaux sociaux montrent Mounouna Foutsou recouvert de farine de la tête aux pieds, son costume souillé et, plus alarmant encore, le côté gauche de son visage ensanglanté. L’ambassadeur du Cameroun en Belgique, Daniel Evina Abe’e, présent lors de l’incident, n’a pas non plus été épargné par les assaillants, ajoutant une dimension diplomatique à cet incident déjà gravissime.
« C’était la débandade », témoigne un participant sous couvert d’anonymat. « Le ministre a été parmi les premiers à tenter de s’échapper, mais ils l’ont rattrapé et s’en sont pris à lui avec une violence inouïe », ajoute cette source contactée par notre rédaction.
La main tendue ignorée, une escalade préoccupante
L’ironie de cette agression réside dans le fait qu’elle survient quelques jours seulement après que Mounouna Foutsou a publiquement tendu la main aux Camerounais de la diaspora. Suite à la première tentative d’agression manquée, le ministre avait déclaré dans un direct sur les réseaux sociaux : « Même si c’est pour m’insulter, je suis à leur disposition », invitant au dialogue sur les préoccupations de la communauté expatriée.
Ces paroles conciliantes n’ont visiblement pas suffi à apaiser la colère de certains membres de la BAS, mouvement d’opposition radicale au régime de Yaoundé qui s’est fait connaître par ses actions spectaculaires contre les personnalités gouvernementales camerounaises en déplacement en Europe. Ces incidents illustrent la profondeur des divisions qui traversent la communauté camerounaise, tant au pays qu’à l’étranger.
« Sans rancune » : la réponse surprenante du ministre
Malgré la violence de l’attaque, Mounouna Foutsou a fait preuve d’une réaction pour le moins inattendue. Dans une vidéo diffusée peu avant son départ de Bruxelles, programmé le soir même de l’incident, le ministre a tenu à rassurer l’opinion publique sur son état de santé, affirmant être « sain et sauf ».
Plus surprenant encore, il a adressé un message à ses agresseurs qu’il qualifie d' »amis« , leur signifiant que c’était « sans rancune ». Une réaction qui tranche avec la gravité des faits et qui suscite de nombreuses interprétations. Est-ce une tentative d’apaisement sincère ou une stratégie de communication visant à minimiser un incident diplomatiquement embarrassant ? Les observateurs de la scène politique camerounaise restent partagés.
Ce nouvel épisode de violence ciblant un membre du gouvernement camerounais à l’étranger pose la question des mesures sécuritaires entourant les déplacements officiels et, plus largement, celle de la gestion des tensions entre le pouvoir de Yaoundé et une partie de la diaspora de plus en plus vocale dans son opposition. En attendant d’éventuelles suites judiciaires à cette agression sur le sol belge, le fossé entre certains Camerounais de l’étranger et les autorités de leur pays semble se creuser davantage.