Risée de l’opinion publique, « lynché » sur tabloïds et sur des plateaux de radios et télé, le Pan n’a reçu jusqu’à ce jour aucun soutien public de l’élite du grand Nord.Depuis l’éclatement de l’affaire opposant le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril et son garde du corps, le capitaine Bouba Simala, on dirait que les élites du grand Nord se sont passé le mot pour ne pas s’exprimer publiquement sur la question. Pourtant, pour avoir régulièrement pris, parfois avec les tripes, la défense des intérêts du septentrion, la 3e personnalité du Cameroun, au plan protocolaire, est en droit d’attendre un soutien public de ses amis et « frères », au-delà des coups de fil, plus ou moins hypocrites, de compassion ou de réconfort.
A quoi tient donc le silence observé en ce moment relativement à ce qui est convenu d’appeler l’affaire Bouba Simala, accusé « d’actes de terrorisme, d’incitation au braquage et à l’enlèvement » ? Une élite du Nord, qui a requis l’anonymat, explique, avec une pointe d’humour, que « [i]Cavaye, au lieu de régler un problème en famille, a préféré attacher une hyène qu’il aura du mal à détacher après. La situation est grave, car les frères et collègues du gendarme jeté en pâture ne sont pas prêts à se laisser faire[/i] ». Un autre ressortissant du septentrion se montre plus mordant: « [i]En signant cet arrêté-là, Cavaye a exacerbé ses relations avec ses frères du grand Nord qui l’avaient déjà vomi. Il s’agit d’une grande manipulation et rien d’autre[/i] ».
Notre source ajoute qu’ «[i] un capitaine de gendarmerie ne peut pas utiliser le téléphone pour agir tel que Cavaye le décrit. Même le chef de l’Etat a fait arrêter un de ses gardes du corps sans faire autant de bruit. Et c’est un drame pour le Pan parce qu’il s’agit d’un membre de sa famille. Ce sera difficile à recoudre. Il aurait pu le balancer à Bakassi, par exemple, et l’affaire était réglée[/i] ».
Grand soir
Le Pan isolé depuis le déclenchement de la « boule puante » Bouba Simala ? Dans son entourage, on fait mine de relativiser : « Les élites du grand Nord se taisent parce que beaucoup estiment que Cavaye a mis trop de temps au perchoir et que s’il ne tombe pas, ils ne peuvent pas émerger. Il y en a qui veulent être nommés Premier ministre, or avec un Pan issu du septentrion, c’est une ambition irréaliste. Donc il s’agit de positionnements individuels », déclare une source, dans l’entourage du Pan.
Pour un autre proche du président de l’Assemblée nationale « [i]dans la conjoncture politique de l’heure, il y a des hommes au sein de l’appareil, qui disent soutenir le chef de l’Etat, mais qui se plaisent à tirer sur ses derniers verrous. On peut tout reprocher à Cavaye, mais ce dernier n’a que d’ambition présidentielle et n’a jamais trahi Paul Biya, comme certaines personnalités[/i]».
Cet informateur est d’avis que « Bouba Simala ne peut pas faire de déballage. Le Pan a été patient vis-à-vis de lui, malgré ses multiples gaffes. Cavaye aurait par exemple pu le limoger lorsqu’il l’a poussé à déposer sa candidature pour les sénatoriales, arguant qu’il avait reçu le feu vert du chef de l’Etat, à travers un prétendu appel téléphonique du Général Joseph Fouda. La faute qu’a commise Bouba Simala n’a pas de commune mesure avec celle du «[i] voleur de la mallette présidentielle[/i] », précise-t-il.
Pendant que Cavaye est lâché par les siens, une certaine élite du Centre-Sud se pourlèche les babines, car, pour elle, les dernières frasques du Pan contribuent gravement à ternir davantage l’image de l’élite du grand Nord, dans la perspective du grand soir…
[b]Ibin Hassan[/b]