Cameroun – Camair-Co: 250 salariés en chômage technique

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Face aux conséquences de la crise du Coronavirus sur son activité, la compagnie nationale vient de prendre le taureau par les cornes.

Si l’épilogue s’est fait attendre, il n’en était pas moins prévisible. Vendredi 19 juin 2020 à Douala, conformément aux statuts de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-co) portant pouvoirs du Directeur général, la direction générale a suspendu les contrats de travail de près de 250 salariés, « en attendant la reprise de l’exploitation ». Selon nos informations, il s’agit principalement du personnel dont l’activité est directement impactée par la suspension de l’exploitation, à savoir le personnel de vente, le personnel d’escale et le personnel navigant d’une part, mais également le personnel administratif et de support, non essentiel au cours du ralentissement des activités, d’autre part. Conséquence de la fermeture des frontières de par le monde.

La mesure de chômage technique semble également logique quand on sait que la flotte de Camair-Co est clouée au sol. Il apparaissait donc nécessaire pour la compagnie d’anticiper tous les scénarios. En ce qui concerne le traitement des personnels locaux recrutés dans les représentations de la Camair-Co à l’étranger, apprend-on, il se fera conformément à la législation en vigueur dans les pays concernés.

La décision du directeur général du fleuron camerounais, Louis Georges Njipendi Kuotu, précise aussi que « la période de suspension desdits contrats, renouvelables le cas échéant, s’étend du 22 juin 2020 au 21 septembre 2020 et ne peut excéder six mois ». Quelques heures après l’annonce du directeur général, des remous étaient perceptibles au sein du collectif des syndicats des transports aériens de Camai-Co. « Une poignée de délégués estime qu’il faut d’abord payer tous les arriérés de salaire avant d’instaurer le chômage technique alors même que la société ne peut pas payer les salaires », explique une source proche du dossier.

Flotte clouée au sol

Croulant sous une dette cumulée de plus de 115 milliards de F, contrainte de louer au prix fort des avions, Camair-Co n’a plus de compagnie aérienne que le nom. Pour l’instant, aucun avion n’est en exploitation. Soulignons que la compagnie a récemment trouvé un appareil auprès d’un loueur ukrainien, et a soumis le dossier à la Cameroon Civil Aviation Authority (Ccaa), afin d’obtenir une dérogation d’exploitation. L’autorité aéronautique a curieusement refusé d’apposer sa signature, et instruit à Camair-Co un audit préalable du loueur, alors que les frontières sont fermées depuis à cause du Coronavirus.

Ce fut aussi le cas lorsqu’il a fallu au Dg de la Ccaa, Avomo Assoumou Paule épse Koki, d’autoriser l’exploitation du MA60 qui a effectué son dernier vol le 31 mars dernier, alors que le constructeur chinois AVIC avait donné son quitus pour la reprise de l’exploitation de l’appareil. Une attitude qui frise le désir de voir Camair-Co fermer les portes. Mais les pouvoirs publics vont-ils laisser mourir le fleuron national ? « Il est grand temps que l’État prenne une décision : soit il relance la compagnie, soit il annonce le dépôt de bilan », confie au Messager un spécialiste de l’aviation.

En rappel, suite aux tensions à répétition avec les salariés, d’une rentabilité jamais atteinte entraînant une accumulation de dettes depuis le début
de ses opérations en 2011, Camair-Co a connu une véritable valse de dirigeants. C’est ainsi que, après les Néerlandais Alex Van Elk (2010-2013)
et Matthijs Boertien (2013), et les Camerounais Frédéric Mbotto Edimo (2013-2014) et Jean Paul Nana Sandjo (2014-2016), Ernest Dikoum (2016-
2019), Louis Georges Njipendi Kuotu est le sixième directeur général de la compagnie.

Ahmed MBALA

One thought on “Cameroun – Camair-Co: 250 salariés en chômage technique

  1. Si le gouvernement n’avait pas imposé de recruter en premiers les incompétents de la Camair on en serait pas là. Ce que le DG faisait le PCA le défaisait, ce que le PCA faisait le ministre défaisait, et ce que le président voulait c’était encore autre chôse… amateurisme tropical.

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