Le décès du maire de la commune et président de section du parti, vient parachever la décimation des responsables de ce niveau dans ce département.« […] permettez-moi de vous rappeler par ailleurs, et très humblement, la disparition très récente de deux de nos camarades présidents de sections, feux Mgbwakobo David de la Bouma-et-Ngoko nord à Gari-Gombo et Mpito Biende Dieudonné de la Boumba-et-Ngoko centre à Yokadouma », écrivait il y a quelques semaines Jean-Jacques Ipando, alors maire de la commune de Moloundou.
Le dernier président de la section Rdpc de la Boumba-et-Ngoko sud ne savait pas qu’il suivrait quelques jours après ses deux illustres collègues sur le chemin de la mort. En effet, M. Ipando est passé de vie à trépas le 03 mars 2015 à Yaoundé. Pourtant, l’homme, dans cette correspondance adressée au secrétaire général du comité central de la formation politique à laquelle il appartenait, suggérait déjà à Jean Kuete « qu’il soit procédé à leur remplacement, conformément aux dispositions de l’article 37, alinéas 3 et 4 des textes de base du parti […] pour que ces disparitions ne se pérennisent ».
Une suggestion qui risque ne pas connaître une suite ni favorable ni immédiate au vu de la tournure que viennent de prendre les évènements. Surtout qu’avec la disparition de Jean Jacques Ipando, le Rdpc vient de perdre son dernier membre du titulaire du comité central du parti proche du pouvoir, l’autre disparu ayant été Dieudonné Mpito Biende.
Malédiction
A Yokadouma, le chef-lieu de la Boumba-et-Ngoko, Gari-Gombo, Salapoumbé et Mouloundou, les chefs-lieux des autres arrondissements, l’on voit en cette autre disparition une « malédiction qui s’abat sur notre département ». Et des responsables du parti joints au téléphone d’évoquer « la faible mobilisation que le Rdpc connaît depuis mars 2008 ». L’évocation de ce mois renvoie à l’interpellation de Paulin Abono Moampamb, l’ancien maire de la commune de Yokadouma et ancien secrétaire d’Etat aux Travaux publics. Depuis lors, il a été condamné d’abord en instance à 30 ans de prison ferme, peine réduite en mai 2012 à 12 ans par la Cour d’appel de l’Est. « L’incarcération de M. Abono Moampamb a douché l’enthousiasme et l’adhésion des populations de la Boumba-et-Ngoko aux idéaux du Rdpc », constate un responsable politique local.
De sorte que, poursuit-il, « nous avons vu aux dernières consultations une arrivée massive de partis politiques qui convoitaient non seulement la commune de Yokadouma mais également les places de députés ». Allusion faite au MRC de Maurice Kamto qui était allé lancer sa campagne électorale dans cette cité. Et le spectre des années 90 planait déjà sur le département qui avait produit des députés de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp).
Pourtant, entre-temps, des personnalités de haut rang ont souvent été légitimées par la hiérarchie pour présider certains évènements au niveau local. En vain, avance-t-on. Et pour cause, « les élites locales passent leur temps à se disputer le leadership pendant que les militants cherchent leurs repères ». Au-delà, les militants du Rdpc dans la Boumba-et-Ngoko estiment que « le parti a souvent fait de mauvais choix dans la désignation de ses personnalités ressources ».
D’où, soutiennent-ils, « cette distance observée pendant un certain temps entre notre formation politique et nous. Nous entretenons aujourd’hui avec le Rdpc des rapports proches de la méfiance tant nos voix ne sont pas entendues. » Et les combats sont multiples pour que la Boumba-et-Ngoko retrouve ses lettres de noblesse d’antan et continue d’être ce que beaucoup de ses ressortissants qualifient de « paradis sur terre et très convoité ».
Reste que, comme écrivait Jean Jacques Ipando dans une autre de ses sorties épistolaires, « nous devons le jardiner nous-mêmes pour le parfaire ». Appelant ainsi les uns et les autres à une « union sacrée » autour des questions de développement local. Pas sûr que le combat va se poursuivre avec la disparition de ce dernier baron du régime qui avait la particularité de ne pas être un administratif. Toute chose qui lui donnait une liberté de ton que ne peuvent se permettre ceux qui sont restés au regard de leurs accointances avec le pouvoir. Et de leurs visées qui fondent leur individualisme.