Cameroun: Boko Haram plombe les activités bancaires dans l’Extrême-Nord

Boko Haram terrorise encore au Cameroun

Les exactions de la secte Boko Haram ont un impact sur les activités du secteur bancaire, notamment celles des entreprises ayant une représentation dans certaines zones en conflit.
Les attaques terroristes perpétrées par les membres de la secte Boko Haram dans certains départements de la région de l’Extrême-Nord Cameroun ne font pas que des victimes humaines. L’impact négatif de ce conflit armé sur les activités des banques et microfinances établies dans les zones de conflit et se environs est palpable. « Cette situation a contribué au ralentissement de l’économie. Et quand l’économie est au ralenti, les secteurs comme les nôtres sont affectés parce que les déplacements sont limités, et les finances ne peuvent pas suivre. Bref, ça a un impact au niveau du financement », affirme Adamou Haman Wabi, le directeur général adjoint du Crédit du Sahel. Fortement représenté dans la partie septentrionale du pays, le Crédit du Sahel est l’un des EMF affecté par ce conflit. Selon les responsables de cet établissement de microfinance, depuis le début de la guerre contre Boko Haram, leurs activités ont considérablement chuté dans les localités assiégées par la secte islamiste. « Nous avons trois départements qui sont affectés par l’insécurité : le Logone et Chari, le Mayo Sava et le Mayo Tsanaga. Et donc, nous avons un réseau de 18 agences dont trois, qui se trouvent dans ces zones-là, sont affectées. C’est surtout dans les zones frontalières que cette situation est critique. Mais, dans les centres villes, tout se passe normalement », affirme un responsable de cette structure. En fait, dans les localités où les exactions de la secte islamiste sont fréquentes, il n’y a presque pas d’activités. Un manque d’activité synonyme d’absence de gain. Et quand il n’y a pas de gains, les populations ne peuvent plus épargner. Bien plus, quand il n’y a pas d’activités, les populations ont plutôt tendance à thésauriser et à dépenser ce qu’elles ont épargné. « Si rien ne tourne, le secteur bancaire également va en payer le prix, puisqu’il n’y aura plus ni des dépôts, et encore moins des crédits accordés », explique Alban Clovis Fogang, banquier. En outre, les exactions de la secte Boko Haram à Kousséri, Fotokol et d’autres localités de la région de l’Extrême-Nord ont souvent entrainé la fermeture des frontières avec le Nigeria. « Les frontières étaient fermées et nous savons que la plupart des échanges dans notre région se font avec le Nigeria. Et quand les frontières avec le Nigeria sont fermées, mêmes ceux qui sont loin des zones d’insécurité ne peuvent pas écouler leurs marchandises, ne peuvent pas faire des échanges avec le Nigeria. Et c’est un grand manque à gagner pour tout le monde. Mais, les frontières sont aujourd’hui ouvertes les échanges recommencent peu à peu même si c’est encore timide. Tout va se stabiliser progressivement», souligne un chef d’agence d’un EMF à Maroua. Face à cette situation, les EMF disposant d’agences dans les zones fortement touchées par les attaques de Boko Haram mettent en place des stratégies dans le but de combler le déficit créé par ces agences. « Au niveau de notre structure, nous avons essayé de limiter les financements dans ces zones puisque les risques sont élevés. D’une manière générale, cela a affecté les clients ainsi que leurs activités. Et quand les clients ou leurs activités sont affectés, naturellement, ça a un impact sur notre porte-feuille crédit. Et on est donc obligé de revoir notre stratégie de financement pour limiter les risques. Au regard de cette situation, nous n’allons pas vers ces zones. On ne peut pas se déplacer vers ces zones pour relancer par exemple le client. Et quand on ne peut pas suivre un client, ça ne sert donc à rien de le financer », soutient le DGA du Crédit du Sahel.

Sandrine Gaingne

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