Cameroun: Bien que distribuée gratuitement, les Camerounais refusent d’utiliser les moustiquaires

Les moustiquaires imprégnées sont considérées comme un outil privilégié de lutte contre le paludisme.

L’emploi de celles-ci a permis de réduire considérablement la mortalité en Afrique. Cette endémie est la première cause de mortalité en Afrique subsaharienne et au Cameroun. Pour combattre cette maladie, le gouvernement camerounais a entrepris depuis de nombreuses années la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda). Malgré cette initiative qui a contribué à doter la quasi-totalité des ménages de Milda, les Camerounais ont du mal à s’accommoder à l’outil.

Difficile à s’accommoder

En dehors des campagnes de distribution nationale, les femmes enceintes reçoivent gratuitement les Milda lors des visites prénatales. Ceci ne suffit
pourtant pas pour amener les uns et les autres à se l’approprier. Les raisons de cette incommodité sont multiples. Audrey Koa relate son trouble. « J’ai une moustiquaire dans ma chambre mais, je l’utilise très rarement parce qu’à l’intérieur j’étouffe. J’ai chaud. J’ai l’impression d’être emprisonnée. En plus, je n’aime pas le travail de soulever, ranger chaque matin. Enfiler et défiler c’est fatigant et embêtant. Je préfère utiliser la spirale antimoustique. Les seules fois où je l’utilise c’est lorsque je dors avec mon neveu pour lui pas pour moi » , narre-t-elle. A sa suite, Naomie bien que consciente de son importance, n’en use pas. « Je ne m’accommode pas à la moustiquaire même si je connais ses bienfaits. J’y pense lorsque le paludisme m’a déjà attrapée » , témoigne t-elle. Andela exprime aussi son malaise.

« Quoi qu’elle protège contre les moustiques, lorsque je suis sous une moustiquaire, j’ai l’impression d’étouffer, d’être dans un espace très restreint. Du coup, je préfère ne pas l’utiliser. Cela a été renforcé avec les moustiquaires qui avaient été distribuées et qui avaient un problème. Elles chauffaient. On avait l’impression qu’il y avait un excès de dosage de produits, cela est venu renforcer cette conviction de rester loin de la moustiquaire. J’ai donné les moustiquaires que j’ai reçues lors des différentes campagnes à ceux à qui cela pouvait vraiment être utile » , expose le jeune homme. La paresse de tirer la moustiquaire chaque soir a contraint Bertrand Ntep à l’envoyer aux oubliettes. « J’ai oublié que j’avais une moustiquaire à force de pas la baisser » , révèle-
t-il.

Outil de sécurité

Estelle Natacha habite le quartier Manguiers à Yaoundé. Comme la plupart des quartiers en proie à la promiscuité, les moustiques sont très présents dans son domicile. Le moyen le plus rassurant selon elle pour éviter le paludisme est l’utilisation de la moustiquaire. En plus d’être un moyen de prévention, elle y trouve de la sécurité. « J’aime dormir sous la moustiquaire parce qu’elle apporte une certaine chaleur et une sécurité. Un exemple, je me suis réveillée et des cafards avaient envahi la moustiquaire. Si elle n’avait pas été là, imaginez ce qui serait arrivé.
Je ne peux plus me passer de la moustiquaire » , raconte Estelle Natacha. Des propos que corrobore Dona Youmo : « la moustiquaire ne protège pas
seulement contre les moustiques mais aussi de certains insectes comme les cafards. Quand on est sous une moustiquaire, on est à l’abri de beaucoup de
choses » . Selon l’Organisation mondiale de la santé, les moustiquaires imprégnées contribuent à lutter contre l’anémie chez les femmes enceintes. Elles sont moins exposées au risque d’infection par le parasite du paludisme qui augmente le risque d’avortement spontané, de fausse couche, d’accouchement prématuré. Les Milda ne sont pas toutefois le seul moyen de prévention contre le paludisme.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *