Cameroun: Bernard NJONGA démissionne du poste de président de l’ACDIC





Par la présente, je vous annonce ma démission de mes fonctions de président de l’ACDIC, à compter de ce jour. [pagebreak]En respect au soutien que vous êtes nombreux à n’avoir de cesse de nous apporter dans nos combats, je me dois de vous donner quelques explications pour justifier cet acte que vous comprendrez, je l’espère.
De prime abord, je vous rassure de ce que l’ACDIC (dont je reste membre) continue et continuera d’exister et d’œuvrer pour la défense des intérêts collectifs avec bien entendu, votre soutien.
Il y a de cela trente ans que je suis sorti de l’Ecole Nationale Supérieure Agronomique (ENSA). Après trois années passées comme fonctionnaire, ingénieur assistant de recherche à l’Institut de Recherche Agronomique (IRAD aujourd’hui INRAD), Je démissionne en 1987 de la fonction publique et partant de cet institut en raisons de commodités personnelles et de mon attirance pour le monde rural.
Je participe à la création du Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) dont les objectifs successifs furent de catalyser la dynamique des organisations paysannes en milieu rural camerounais et ensuite promouvoir le développement socioéconomique de ces organisations avec entre autres, deux outils de vulgarisation à très grande échelle des techniques agricoles que sont : La Voix Du Paysan (LVDP) et le Centre de Documentation pour le Développement Rural (CDDR).
Quinze années plus tard, je constate que : Pendant que tout en sueur nous courbions l’échine en milieu rural à apprendre aux paysans à « gratter » la terre pour une meilleure productivité, des actes et des décisions hautement plus destructrices du quotidien de ces vaillants producteurs se prennent en ville, dans les administrations, les milieux d’affaires et autre parlement.
Telles ces importations massives de découpes de poulets congelés.
C’est ainsi qu’en 2003, pour influer sur cette situation, je décide de quitter mon poste de secrétaire général du SAILD pour participer à la création de l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (ACDIC) où j’occupe le poste de président.
Nul doute que l’occasion vous a été donnée de vivre un pan de nos multiples et diverses interventions en faveur des intérêts collectifs et plus particulièrement en faveur des causes paysannes.
En trente années cumulées dans le milieu du développement rural, s’il y a une chose dont je suis plus que jamais convaincu, c’est que les solutions aux problématiques de développement rural sont éminemment politiques. Rien à faire. C’est aux politiques que reviennent les décisions qui impactent durablement sur la vie des populations.
Avec l’ACDIC, nous avons réussi à porter le plaidoyer pour la cause paysanne aux portes du pouvoir central et attendions que les politiques jouent leur partition afin que nous continuions la nôtre dans l’interpellation, le contrôle de l’action publique et autres propositions, en respect mutuel.
Malheureusement nous assistons impuissants à un refus catégorique des tenants du pouvoir politique non seulement à nous reconnaitre dans notre rôle, mais aussi et surtout à prendre en compte les préoccupations légitimes des paysans et des acteurs du monde rural. Du coup, je me suis senti personnellement plafonné et je vis avec frustration la persistance des problèmes pour lesquels nous avions pourtant proposé des solutions réalistes. Telle cette cherté continue de la vie.
C’est dans ce contexte que je me suis mis en retrait de la scène publique non seulement pour marquer mon refus de continuer à jouer au «Guignol» et « au chien qui aboie quand la caravane passe », mais aussi pour réfléchir et prendre la décision de démissionner de mes fonctions de président de l’ACDIC. Ce que je fais en ce jour.
Cette démission ne veut nullement dire que j’ai jeté l’éponge ou que j’abandonne le combat. Non. Je suis plus que convaincu que notre développement passe par la mise en valeur intelligente de notre potentiel agro-sylvo-pastoral.
J’observe très attentivement cette caravane qui passe alors que le chien aboie. Nous nous reverrons probablement dans le cadre de nouveaux combats et j’espère alors que vous continuerez à nous soutenir.
Meilleurs salutations à tous !

Yaoundé, 13 octobre 2014
Bernard NJONGA
Ancien président de l’ACDIC

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