Il conduira à l??abolition des examens Bepc, Cap et Probatoire, dans le sous-système francophone. Un décret présidentiel viendra déterminer les certifications dudit système. Des experts en la matière émettent encore des réserves.
Sans tambours ni trompettes. Encore moins une communication de masse à propos du nouveau système éducatif. Pourtant, il entre en vigueur dès ce 24 septembre 2012. «Nous avons reçu toutes les directives venant du ministère des Enseignements secondaires pour son début effectif dès ce lundi. Il ne vient pas immédiatement
changer l??ancien système mais, il se mettra en place progressivement. La première remarque qu??il faut faire est qu??il se rapproche totalement du sous-système anglophone», rapporte sous anonymat un enseignant du Lycée bilingue de Deïdo. Quelques collègues restent étonnés de cette annonce : «Nous ne sommes pas encore au courant. Nous n??avons pas de commentaire à faire». La décision fixant ce nouveau sous-système n??est pas (si) nouvelle. Le texte l??officialisant est la loi N°98/004 du 14 avril 1998 de l??orientation de l??éducation au Cameroun. Cette reforme éducative prévoit deux principales innovations : d??abord, la suppression du Brevet d??étude du premier cycle (Bepc) et du probatoire dans l??enseignement général, et du Certificat d??aptitude professionnelle (Cap) et du probatoire dans l??enseignement technique. Ensuite, l??enseignement secondaire comprendra désormais un premier cycle de cinq ans et un second cycle de deux ans qualifié de sous-cycle d??observation en tronc commun.
D??après l??article 18 Al. 2 et 3, le passage au second cycle d??enseignement secondaire est conditionné par l??obtention du diplôme de fin de premier cycle. Un décret du président de la République déterminera les certifications du système éducatif. «Ce qui signifie que ça peut prendre du temps pour être mise en ??uvre. Près de cinq ans ; le temps pour les élèves de 6e et de première année de cette année d??arriver en 2nd ou en 5e année. Ainsi, le probatoire reste en vigueur jusqu??au décret du président de la République», explique notre expert en éducation. Autre particularité de ce nouveau système, c??est l??application de l??approche pédagogique par compétence. Celle-ci va consister à rendre l??élève camerounais compétent. A croire que l??approche pédagogique par objectif utilisée jusqu??à ce jour a démontré ses limites. «Disons que la pédagogie n??est pas une science exacte mais évolutive.Maintenant, on a constaté que cette approche pédagogique par objectif avait des défaillances, c??est pourquoi, elle est modifiée. La mise en ??uvre cette année des nouveaux programmes va aussi avec la nouvelle approche pédagogique par compétence», souligne l??expert.
Coup d??épée dans l??eau
Selon la loi, les milieux professionnels doivent être associés à élaboration et à la mise en ??uvre de la politique de formation par alternance, des contenus et moyens de la formation. Ainsi qu??à l??évaluation et à la validation des résultats de cette formation. Ce qui n??est toujours pas encore fait. Le recyclage des enseignants et la disponibilité du manuel scolaire adapté demeurent à l??ordre du jour. «Je peux dire que 80% des manuels qui sont au programme actuellement au Cameroun seront dépassés d??ici l??année prochaine. Il faudrait donc des manuels adaptés à cette nouvelle approche pédagogique. L??Etat doit mettre sur pied, une politique nationale du livre scolaire permettant de rendre disponible le livre scolaire et à moindre coût. Au niveau des enseignants, le ministère doit mettre à disposition des enseignants et des inspecteurs, des moyens financiers pour leur formation à la compréhension et l??appropriation de cette nouvelle approche. Il y a même un déficit des enseignants qualifiés au Cameroun. Si je prends le cas spécifique des mathématiques et du français, il n??y a pas de professeurs de français qualifiés», affirme l??expert. Et de marteler en guise de prévention : « Les conditions de travail doivent être améliorées pour permettre aux élèves de bien travailler en évoluant dans un environnement scolaire normal. Parce que, si vous avez toujours les classes de 100 à 140 élèves comme actuellement, il va de soit que ces innovations seront des coups d??épée dans l??eau».
Former 1000 enseignants en six mois
Pour mettre en application cette nouvelle approche pédagogique, il faut recruter de nouveaux enseignants formés à l??école normale supérieure. « Mais comme la formation de l??enseignant prend cinq années à l??école normale supérieure, on peut mettre sur pied, un plan de formation en six mois. On peut lancer un programme de formation de 1000 enseignants en six mois », dixit l??expert. Comment est-ce possible ? « Il suffit de prendre des enseignants dans les collèges privés, l??Etat les forme en six mois et les contractualise à la fin de la formation. On peut même avoir des enseignants sous contrat pas forcément des fonctionnaires », précise t-il. Un travail de fond et de forme doit être fait par le ministère des Enseignements secondaires avec l??appui des experts du domaine. Ainsi, l??on pourrait avoir un nouveau système fonctionnant sans dysfonctionnement.