Avec l’élargissement de deux de ses coaccusés le 07 mars dernier, les griefs retenus contre l’ex-Directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton) pourraient tomber comme des feuilles mortes.[pagebreak]Abdoulahi (ex-caissier) et Jean Fouagou (ex-chef service des stocks) à la Sodécoton sont désormais libres. Le Tribunal criminel spécial (Tcs), qui s’est saisi de l’affaire ministère public et Sodécoton contre lya Mohammed et les autres, a accueilli favorablement la demande de leurs conseils de restituer le corps du délit contre l’abandon des charges retenus contre eux.
Ainsi donc, poursuivis pour détournement de deniers publics, Jean Fouagou a reversé les 7 millions FCFA à lui reprochés au Trésor public, 3 millions FCFA pour Abdoulahi, avant de recouvrer tous deux la liberté, en application aux dispositions pertinentes du Tcs, qui stipule à l’article 18: «en cas de restitution du corps du délit, le Procureur général, près le Tribunal peut, sur autorisation écrite du ministre chargé de la Justice, arrêter les poursuites engagées avant la saisine de la juridiction de jugement. Toutefois, si la restitution intervient après la saisine de la juridiction de jugement, les poursuites peuvent être arrêtées avant toute décision au fond et la juridiction saisie prononce les déchéances de l’article 30 du Code pénal avec mention au casier judiciaire».
Pour des observateurs avertis, c’est le dossier contre lya Mohammed qui se vide ainsi petit à petit. En effet, la libération de Jean Fouagou, par ailleurs ex-secrétaire de la commission de passation des marchés à la Sodécoton, accusé d’avoir détourné 7 millions de FCFA en coaction avec l’ex Dg, ne saurait ne pas avoir une incidence sur les charges contre lya Mohammed, en tant que son coaccusé. Ou tout au moins, on devrait s’attendre à ce qu’une partie des charges contre l’ancien président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) soit retirée. Une cure d’amaigrissement du dossier qui en rappelle une autre.
On se souvient en effet que le 27 janvier der¬nier, dans leur rapport de contre-expertise commandé par le Tcs, 3 cabinets d’expertise comptable, revoyaient à la baisse, le montant des sommes prétendument détournées par le Dg. De 13 milliards FCFA imputés par les enquêteurs du secrétariat d’Etat à la défense (Sed), les chiffres étaient ramenés à 11 milliards par les experts comptables. Bien loin des fantasmes de la Commission nationale anti-corruption (Conac) qui, elle, avait «découvert» un trou financier de 113 milliards FCFA.
Etoudi en colère.
Une kyrielle d’enquêtes, avec des conclusions toutes différentes les unes des autres, qui font dire à plus d’un que la théorie du complot contre l’ancien Dg se confirme de jour en jour. «Ils cherchent ce qui n’existe pas», commente un ancien collaborateur d’Iya Mohammed. Appelé à donner son avis sur le sujet, un avocat trouve curieux la démarche du Tcs. «le Tribunal criminel spécial est, selon ses textes fondateurs, compétent pour les délits de détournements de biens publics d’une valeur supérieure ou égale à 50 millions FCFA. Mais dans l’affaire Sodécoton, il libère des présumés coupables pour moins de 10 millions FCFA», regrette-t-il.
Avant lui, La Météo, dans sa livraison n°576, démontrait déjà comment les comploteurs avaient, dans leur zèle, mis la charrue avant les bœufs: arrêter lya d’abord, chercher les preuves contre lui après. Des preuves qui malheureusement commencent à fondre comme beurre au soleil, au fil des enquêtes, contre-enquêtes et auditions.
Et selon des sources crédibles, les atermoiements de la justice, auraient provoqué l’ire de la présidence de la République au point où le Chef de l’Etat aurait manifesté sa désapprobation contre ce qui s’achemine manifestement vers un procès kafkeien et prescrit qu’Iya Mohammed soit rétabli le plus vite possible dans ses droits.