Cameroun – Affaire Mebe Ngo’o: Voici le le rôle trouble de la Chine

Mebe Ngo'o en Chine

Accusé de détournement d’une Convention de prêt signée entre la Chine et le Cameroun dans le cadre de l’achat de matériels militaires estimés à 300 millions d’euros, l’ex ministre de la Défense qui séjourne à la prison centrale de Kondengui depuis 18 mois, paie visiblement le prix d’un marché de dupes. Serait-il offert en holocauste ?

Dans son édition N°5604 du vendredi 04 septembre 2020, Le Messager annonçait en exclusivité que selon l’instruction, Edgar Alain Mebe Ngo’o, emmuré depuis plus d’un an (en attente de jugement), à la prison centrale de Kondengui est accusé de détournements de fonds publics évalués à 20 milliards Fcfa qu’il aurait malicieusement chapardé à travers des surfacturations et des marchés publics fictifs.

Ensuite, l’ex Mindef serait au centre d’un autre détournement estimé à 196 milliards de Fcfa destinés au projet polytechnologique avec la Chine dans le cadre de l’achat de matériels militaires pour l’armée camerounaise. Et pour couronner le tout, le natif de Sangmelima est accusé de blanchiment d’argent évalué à 20 milliards de Fcfa. En attendant que la première audience soit convoquée, l’heure est à la cogitation autour de ces chefs d’accusations et des mirobolantes sommes qui en découlent.

A l’observation, il se trouve que dans l’entourage de l’ex Mindef (2009-2015), on s’interroge sur l’exécution du fameux projet avec l’Empire du milieu qui pèse quand même 300 millions d’euros. S’il est avéré que Mebe Ngo’o est impliqué dans ce prétendu détournement de fonds, la question aujourd’hui est de savoir pourquoi la responsabilité de la Chine n’est pas soulevée.

Si deux partenaires sont engagés dans un deal, il est difficilement admissible de voir que seule l’une des parties prenantes en paie le prix. Plus intrigant, si le projet a été convenablement et intégralement exécuté par la Chine qui a équipé toutes les composantes des forces de défense camerounaises tel que le gouvernement camerounais l’a reconnu et salué, pourquoi donc parler de détournements si la part du contrat de l’autre partie a été largement remplie? Des interrogations qui font dire à des experts en finance qu’il y’a certainement anguille sous roche et que l’ancien patron de la Défense serait « offert en holocauste à des fins inavouées ».

Tous les camerounais ont pourtant vu comment l’armée à travers ses unités d’élite, a été parée pour assurer la sécurité au Cameroun notamment à l’Extrême-Nord qui était plus une zone de repli et de repos, voire de logistique, qu’une zone d’opération pour Boko Haram. N’est-ce pas grâce à cette même Convention pilotée par Mebe Ngo’o que la piraterie et la criminalité maritime aux larges du Delta ont été repoussées ? Que dire de la lutte sans merci contre l’insécurité transfrontalière entre le Cameroun, la République centrafricaine et le Tchad ? A travers cette convention (fructueuse), des actions multiformes de nos valeureux soldats ont permis de bloquer certains circuits de ravitaillement de la secte terroriste, qui transitaient pratiquement tout sur son territoire. Face au défi sécuritaire, le Cameroun a mis les moyens. Bien équipée et formée, notre armée professionnelle a pu lutter contre le grand banditisme en zone de forêt, redoubler de vigilance et la surveillance les frontières, et stopper le fléau des coupeurs de routes dans le Nord.

Phase de remboursement

Pour cerner les contours de cette affaire, il faut peut-être fouiller la paperasse y afférente et questionner les clauses de ladite Convention de prêt inscrite dans la coopération bilatérale entre le Cameroun et la Chine. De sources dignes de foi, le Messager a appris que cette Convention a été signée en son temps par Emmanuel Nganou Djoumessi alors ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat). Le Cameroun est actuellement en phase de remboursement. Quant au montant non remboursé, il est évalué à près de 50 milliards Fcfa et devrait arriver à échéance en 2022. Vu sous cet angle, il est clair que la justice impute purement et simplement à l’ex Mindef, le détournement de 196 milliards Fcfa soit l’intégralité du montant total de la Convention de prêt d’Etat à Etat qui se chiffre à 300 millions d’euros. Ce qui veut dire en d’autres termes que le partenaire chinois n’a rien livré avec sa complicité.

Que cache donc cette avalanche d’accusations portées contre Mebe Ngo’o ? A qui profitera l’incident diplomatique qui se profile à l’horizon ? N’est-ce pas le moment pour la Chine d’ouvrir la boîte de Pandore et de livrer tous les contours de ce projet qui pourrait apporter plus d’éclaircis dans la procédure ? Faut-il conclure que la Chine, aidée par certains hauts commis de l’Etat, a floué le Cameroun pour en tirer les dividendes ?
Bref, la morale de cette scabreuse histoire remet au goût du jour cette anthropophagie dont font preuve les « créatures » de Paul Biya.A suivre !

Franck ESSOMBA

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