« Awara » : La vie à Yaoundé sans police municipale

Les réactions des commerçants et moto-taximen, quelques jours après la suspension des activités des agents communaux.

Depuis le 13 février, Jean Claude Tsila, le préfet du département Mfoundi a suspendu les activités des polices municipales de la Communauté urbaine
de Yaoundé et des Communes d’arrondissement de Yaoundé sur toute l’étendue du Mfoundi pour une durée de trente jours. Une décision que semble apprécier commerçants et moto-taximen. Ce samedi 16 février, il est 11h. Fréderic a installé sa brouette d’orange en face de l’Hôtel de ville de Yaoundé. Dans son panier, le prix d’une orange varie entre 50 et 100F. il semble plus libre de ses mouvements. Son attitude a une explication. Elle se
justifie par le fait que depuis deux jours les agents communaux appelés « awara » ne sont pas passés par là. « J’ai été ravie d’apprendre qu’ils ont été suspendus de leurs activités d’escroqueries et de barbaries pour un mois. Ces gens ne sont pas de bonnes moralités. Nous ne sommes pas en route
par plaisir. Mais, parce que nous avons des familles à nourrir et des écoles à payer
» , nous confie-t-il. « Depuis deux jours que ces gens ne passent plus, je me sens plus libre.
Je vends sans être stressé. D’habitude, à cette heure, j’aurais gardé la marchandise de peur qu’elle me soit arrachée », ajoute Fréderic. De ces agents, le jeune homme garde un mauvais souvenir : « ils m’ont déjà pris deux brouettes pleine d’orange. J’ai beau leur expliquer mes difficultés et parfois négocier, c’était peine perdue. A chaque fois, c’est avec un malin plaisir qu’ils ont écrasé mes fruits » , se plaint-il. Au marché Central, c’est depuis 09h que Stéphane a exposé des chaussures à vendre sur la chaussée. D’habitude, c’est vers 16h, qu’il s’installe à la poste centrale. Cet après-midi, il ne nous cache pas sa joie. « Ces agents de la Communauté urbaine nous dérangent énormément. Pour ne pas voler, nous sommes obligés de nous s’installer avec prudence sur la chaussée même si nous savons que ce n’est pas légal. Je proposerais au gouvernement de créer des espaces où l’on
pourrait vendre même s’il faut payer des taxes
» , propose Stéphane.

La poste centrale grouille également de marchands. Contrairement aux autres jours, Ils n’ont pas attendu la nuit tombée avant de s’installer. Les
chaussées et les murs de certains bâtiments sont remplis de chaussures et de vêtements à vendre. Il n’y a personne pour les en empêcher, disent-
ils. Commerçante au marché Mfoundi, Odile a aussi son avis sur la suspension de la police municipale : « ce que je déplore, c’est la manière avec laquelle ils travaillent. Une police municipale a surement un rôle à jouer dans une commune. Elle permettrait de mieux encadrer les commerçants.
Sans elle, le désordre pourrait s’installer. Cependant, lorsque ces agents communaux viennent dans les marchés, ils n’ont pour seul objectif que de
nous escroquer ou de détruire nos marchandises
» , pense-t-elle. Pour Odile, il faudrait revoir les missions de cette police municipale et surtout des agents communaux.

Au carrefour Elig-Edzoa, l’activité de « moto-taxi » a repris de plus belle. C’est à cet endroit qu’une autre altercation a eu lieu entre un mototaximan et des agents communaux. Incident qui est à l’origine de la décision de Jean Claude Tsila, le préfet du Mfoundi. Propriétaire d’un shopping, Eric réagit : « les agents communaux abusent parfois de leurs pouvoirs. Je me demande sur quelles bases ils sont recrutés. Cependant, la plupart de ces moto-taximens n’ont pas de papiers. Pour exercer librement, il faut qu’il soit en règle. Il faudrait aussi qu’ils respectent les consignes » .

La police municipale suspendue

Si le préfet a suspendu les activités des agents communaux sur l’ensemble du Mfoundi, c’est parce qu’il a fait le constat qu’un certain nombre d’abus
était perpétré. Les commerçants, sont victimes de certains comportements qu’il juge condamnable. Durant cette période de suspension, des
évaluations seront effectuées sur le comportement des commerçants et des conducteurs de moto. « S’il est démontré que pendant cette période, ils
ne payent pas leurs impôts, ils ne s’acquittent pas de leurs obligations vis-à-vis du fisc, si les motos violent les zones interdites, les vendeurs à la
sauvette s’installent partout, évidemment, nous allons prévoir d’autres contrôles. Par contre, si spontanément, les gens font ce qu’il y a à faire, il n’y aura pas lieu d’accentuer ces contrôles
» , a rédigé le préfet dans son arrêté préfectoral.

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