Assemblée nationale : les députés brillent par leur absentéisme à la session de mars

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Cette attitude a courroucé le président réélu de la chambre basse. Il a invité ses collègues à plus de responsabilités.

C’est dans un environnement marqué par la vie chère, les coupures intempestives d’électricité… que le voile est retombé sur la première session ordinaire de l’Assemblée nationale pour l’année législative 2022. Au bout des 30 jours des travaux, durée prévue par le règlement intérieur de la chambre basse en son article 3 alinéa 3, huit projets de lois ont été adoptés. Parmi les plus significatives, on a enregistré la loi portant création de l’Alliance solaire internationale (ASI), la réactualisation de la loi sur la protection du patrimoine routier, le texte sur le secret bancaire ou encore celui sur l’intensification de la lutte contre la cybercriminalité.

Les ministres ont défendu ces textes avant leur adoption au cours de deux sessions plénières. Celle du vendredi 18 mars 2022, consacrée à la mise en place du bureau définitif de l’Assemblée nationale, a vu l’honorable Cavaye Yeguie Djibril être réélu pour la énième fois président. Il entame ainsi sa 30ème année à la tête du perchoir ; une longévité qui a rendu son timbre vocal peu audible. Mais, son coup de gueule à l’endroit des députés absents a porté très haut au bonheur de certains membres de l’hémicycle.

Absentéisme

Pour Koupit Adamou, il était temps d’attirer l’attention des élus locaux dont certains brillent par leur absence. Pourtant, ils sont venus à Yaoundé défendre les intérêts des populations et non gérer leurs propres affaires. « Il y avait une tendance à l’absentéisme qui se généralisait et qui n’avait pas de justification. Lorsque nous venons en session, on a l’obligation de participer aux séances plénières et à toutes autres activités organisées par l’Assemblée nationale. Il ne fallait pas plus pour qu’il tire la sonnette d’alarme. Cela a eu des effets parce que par la suite, nous avons vu des sièges qui étaient d’habitude vides être occupés lors des séances qui suivaient ». Pour la clôture de la session le samedi 09 mars 2022, l’hémicycle a fait son plein. « Pour ce qui est de l’absentéisme des députés, je pense que chacun devrait parler en son nom. Chacun sait pourquoi il ne vient pas. Vous avez vu que tout le monde était là aujourd’hui », a indiqué l’honorable Nourane Fotsing Moluh Hassana.

Vie chère et Covid 19

Avec la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine depuis quelques semaines, l’impact sur l’économie nationale est conséquent. La baquette de pain par exemple est passée de 150 à 200 Fcfa voire plus car le blé vaut désormais de l’or sur le marché international. Les ménages tirent le diable par la queue. L’honorable Rolande Ngo Issi, présidente du Mouvement nationale des consommateurs (Mnc), au cours d’une conférence de presse organisée en mars, redoutait d’ailleurs un soulèvement populaire. « Les consommateurs camerounais dans leur entièreté s’interrogent quant au sort à leur réservé dans les prochains jours car les prix au niveau des marchés ne cessent de grimper », s’inquiétait déjà la parlementaire.

Dans son discours de clôture, le président de l’Assemblée nationale (Pan) a invité le gouvernement, face à la hausse des prix sur les marchés, à mettre en œuvre des stratégies pour rendre accessibles les produits de grandes consommations à des prix justes pour tous. Le coronavirus est également pointé du doigt par le Pan comme l’une des causes de l’inflation tant sur le plan national qu’international.
Le très honorable appelle au respect des mesures barrières afin de barrer la voie à ce virus aux conséquences irréversibles. Pour calmer « l’hémorragie », Cavaye Yeguie Djibril brandit le vaccin comme solution. Il faudra désormais débourser 30 000 Fcfa pour un dépistage contre le covid 19 selon une note signée par le Secrétaire général de la présidence de la république (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh.

Grève des enseignants

C’est également au cours de cette session que les enseignants ont observé pendant plusieurs semaines, le mouvement de grève baptisé « craie morte ». Des mesures ont été prises pour calmer la colère des seigneurs de la craie. Le gouvernement devrait tirer des leçons, selon Cavaye pour que cela n’arrive plus car le temps perdu doit être rattrapé. « Le traitement du personnel de l’Etat ne saurait s’accommoder de quelque cacophonie que ce soit ou faire l’objet d’une certaine légèreté. Ceci ferait peser de lourds soupçons de racket et de marchandage sur les procédures officielles pourtant bien encadrées ». Et d’ajouter : « Le service public est gratuit. Nous le savons tous. Cela ne devrait pas être un slogan creux mais une réalité permanente », a martelé le Pan.

Cette session a vu l’ingénieur en travaux agricoles, Muyali Mary Boya, être élue parmi les 5 vice-présidents de l’Assemblée nationale du Cameroun. Une consécration pour cette « Lionne » qui remplace l’honorable Monjowa Lifaka Emilia, décédée dans la soirée du 20 avril 2021. Elle a d’ailleurs dirigé la plénière du 1er avril après le départ de Cavaye Yeguie Djibril. C’était son baptême du feu.
Les députés se sont donnés rendez-vous en juin prochain avec l’espoir d’une grande participation active des honorables dont l’absentéisme a fait échos.

Solière Champlain Paka / 237online.com

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