Cameroun – Crise anglophone : Le maire Rdpc de Buea scelle des agences bancaires pour respect des «villes mortes»

Nonobstant ses nombreuses déconvenues dues à son zèle pour le parti au pouvoir, le maire de Buea, principale ville de la région pro-sécessionniste du Sud-ouest n’en démord pas.
Moins d’une semaine après qu’il est descendu personnellement sur le terrain accompagné d’une escouade de militaires gendarmes et policiers lourdement armés pour sceller les boutiques fermées pour cause de mot d’ordre de désobéissance civile au marché de Buea, l’édile anglophone dont la passion pour le régime quarantenaire en place au Cameroun et son chef ne souffrent plus d’aucune discussion est revenu à la charge lundi.
Cette fois-ci, c’était pour sceller toutes les entreprises fermées se trouvant sur la route principale, soit la trajectoire allant du quartier Molyko au quartier administratif.
Au nombre des entreprises ayant fait les frais du courroux du magistrat municipal qui, conformément aux habitudes du régime qu’il sert entend obliger par la force les anglophones à faire allégeance au pouvoir de Yaoundé au nom de l’unité nationale et de l’indivisibilité du Cameroun, se trouvent entreprises, il y a les agences des établissements bancaires Bicec et Ecobank Banque Atlantique, CCA, ainsi que celles des trois opérateurs de télécommunications privées étrangers exerçant au Cameroun que sont MTN Cameroon, Orange Cameroun et Nextell. La société de commercialisation des produits pétrolières Total Cameroun, la société d’assurances Activa et des établissements hôteliers et de restauration et de transports n’étaient pas en reste.
Le maire Patrick Ekema qui estime que la fermeture de ces établissements les jours ouvrés est une caution aux séparatistes qui ont lancé fin 2016 dans l’ensemble des régions anglophones le mot d’ordre de « villes mortes » appelant les populations anglophones à résister passivement à la répression brutale des leaders et contestataires anglophones par le régime par l’arrêt des activités, est une caution apportée aux fauteurs de troubles, mieux une reconnaissance de leur légitimité, et par conséquent, le refus de reconnaitre et de respecter l’autorité de l’Etat.
Accusé d’être un indicateur de l’armée et de la police auxquelles ils pointeraient du doigt les activistes anglophones arrêtés et parfois exécutés sommairement ces deux dernières années, monsieur Ekema a eu régulièrement maille à partir avec ses congénères anglophones lors de certaines manifestations de protestation, qui parfois se sont rendus à son domicile pour le vandaliser. En septembre de l’année dernière il avait, selon certains témoins, abattu personnellement un des manifestants devant son domicile faisant ainsi le premier mort de la manifestation du 22 septembre 2017 qui avait pour but de réclamer la libération des centaines d’anglophones appréhendés dans le cadre de la crise anglophone, et dont les parents et connaissances étaient sans nouvelles. Il niera cependant les faits par la suite.
Récemment, il a dû fuir son domicile pour échapper aux groupes armés sécessionnistes qui ont juré d’avoir sa tête en le qualifiant de traître à la cause anglophone. Des rumeurs avaient alors couru sur son enlèvement, mais il était sorti de sa cachette quelques temps après pour démentir et affirmer sa puissance.
Prônant la manière forte, et et beaucoup plus de fermeté contre les opposants, les manifestants et autres sécessionnistes qui ne se rangent pas à la « pax Biya », une sorte de paix forcée où les opprimés doivent se soumettre inconditionnellement à la loi et la raison du plus fort, le maire avait averti début juillet que toute structure n’ouvrant pas ses portes parce que craignant pour sa sécurité sera scellée. Une annonce qui avait fait dire à certains observateurs que Patrick Ekema travaillait à rendre plus fort encore le mot d’ordre de « villes mortes » dans sa commune.
A noter toutefois, la bravade du maire ne s’est limitée qu’aux entreprises du centre de la ville et aux boutiques du marché qui s’y trouve également, ses troupes et lui n’ayant pas le courage d’aller au-delà de crainte d’affronter les populations qui l’y attendaient de pied ferme. Peut-être sera-ce pour les prochaines occasions, , force devant toujours revenir à la « loi ».

Le « drogué du biyaïsme » aurait-il aussi peur?
Par ailleurs les populations reprochent au maire de ne pas toujours être le bon exemple en matière de rejet des mots d’ordre de désobéissance civile, dans la mesure où l’homme d’affaires qu’il est avant d’être le maire de la ville, n’est pas non plus très actif : « On ne voit pas trop ses taxis circuler dans la ville en guise d’exemple. Récemment, il a dit lors d’une réunion publique à la Commune qu’il allait prendre personnellement le volant de l’un de ses taxis et effectuer le transport en ville pour encourager les autres taximen à se remettre au travail et les commerçants à ouvrir les boutiques. Mais depuis, ce drogué du biyaïsme ne l’a pas fait parce qu’il est conscient des risques », rouspète un de ses administrés l’air amusé.

Sam Mayem, Cameroonvoice.com

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