Affaire Socapalm : Bolloré perd son premier procès face à France 2

Poursuivis pour la diffusion d’un reportage sur les affaires de Vincent Bolloré au Cameroun, le journaliste Tristan Waleckx et la patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte, ont été blanchis par le Tribunal de Nanterre en France.
L’industriel Vincent Bolloré a perdu le premier round de la bataille judiciaire qui l’oppose au groupe France télévisions au sujet de la gestion de la Socapalm, une entreprise agro-industrielle de droit camerounais, dont il est l’actionnaire majoritaire. Le tribunal correctionnel de Nanterre a, en effet, jugé, mardi 5 juin, que le portrait-enquête de Vincent Bolloré, diffusé en 2016 dans l’émission « Complément d’enquête », n’était pas diffamatoire, contrairement à ce qu’il prétendait.
Dans ce reportage, le journaliste Tristan Waleckx retraçait le parcours de l’homme d’affaires, de la reprise de la fabrique familiale de papier à cigarettes à la construction de son empire, avec un accent sur sa présence en Afrique. A ce niveau, le reporter a mené une incursion au sein des plantations de la Socapalm au Cameroun, où travaillaient, au moment des faits, des mineurs de 14 ans.
Au Tribunal, la juge a affirmé que Tristan Waleckx n’a en rien « porté atteinte à l’honneur ou la considération de Vincent Bolloré, de Bolloré SA et de Bolloré Africa Logistics ». A la sortie de l’audience, le journaliste est revenu sur la procédure qui a été intentée contre lui. « Il [Bolloré] disait qu’on avait payé des adultes et qu’on les avait fait passer pour des mineurs ; ce qui était n’importe quoi évidemment. Ces gens-là étaient des mineurs, et le tribunal l’a reconnu. On a eu un festival d’accusations complètement délirantes, et on a dû se défendre sur des choses complètement ahurissante (…) On a l’impression qu’il n’attaque pas pour gagner mais juste pour faire peur. Pour quelqu’un qui possède Havas, il est plutôt mal conseillé en matière de communication« , a-t-il affirmé sur les antennes de la chaîne TMC.
Tristan Waleckx est également revenu sur les pressions exercées sur son principal témoin, Emmanuel Elong, le président du syndicat des employés de la Socapalm. « J’ai eu des témoins qui ont eu des pressions, on a fait venir un témoin du Cameroun qui est venu à Paris, c’était la première fois qu’on invite un témoin camerounais dans une procédure de Bolloré. Il explique que quelques jours avant le procès, il a été suivi par deux hommes… et on lui a proposé de l’argent en échange de son absence au procès à Paris. Je dois dire qu’il a subi plus de pression que moi. »
La victoire de France 2 n’est que la première des trois procédures en cours. La seconde est pendante devant le tribunal de commerce de Paris, qui doit trancher le 12 juin. Vincent Bolloré réclame 50 millions d’euros d’indemnisation pour atteinte à ses intérêts commerciaux. La troisième, quant à elle, est une autre procédure en diffamation, intentée au Cameroun par la Socapalm contre Tristan Waleckx et France Télévisions. Le journaliste risque six mois de prison ferme dans les prisons camerounaises.

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