La BEAC que laisse Lucas Abaga Nchama

Si les résultats de la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale sont globalement positifs, avec notamment des bénéfices de l’ordre 160 milliards de FCFA atteints en 2015, il reste néanmoins que le successeur de l’actuel gouverneur de la BEAC devra gérer une baisse inquiétante des réserves, et un sentiment de plus en plus croissant contre le FCFA.
C’était probablement sa dernière sortie en tant que gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), Lucas Abaga Nchama était le chef d’orchestre de la conférence de haut niveau organisé par le BEAC le 25 janvier 2017 à Yaoundé, sur le thème « Les banques centrales face aux chocs exogènes : stratégies de sorties de crise ». Cette conférence qui a connu la présence d’une dizaine d’autres gouverneurs de banques centrales était l’occasion pour Lucas Abaga Nchama qui, incessamment devra passer le flambeau à Abbas Tolli Mahamat au gouvernorat de la BEAC, d’esquisser quelques grandes lignes de son mandat à la tête de cette banque centrale. Et de ce bilan, il ressort globalement que les résultats sont positifs. On en veut preuve les 160 milliards de FCFA de bénéfices réalisés par la BEAC au cours de l’année 2015. On indique d’ailleurs que les résultats de l’année 2016 qui sont encore en cours d’examen par les commissaires aux comptes, devraient être au moins autant que ceux de l’année précédente. Egalement à l’actif de la mandature de Lucas Abaga Nchama à la BEAC, l’on note le lancement en 2011 du marché des titres publics émis par adjudications qui, préciset-on, a permis aux Etats de mobiliser près de 4 000 milliards de FCFA en six ans, diversifiant et élargissant ainsi les sources de financement des Etats, tout en contribuant à la résorption progressive de l’excès de liquidité du système bancaire de la zone. Dans la même mouvance, l’on relève l’élargissement de la gamme des actifs admis en garanties du refinancement de la banque centrale, en vue de dynamiser le marché des titres publics et améliorer la liquidité des titres émis. Mais aussi, l’instauration d’un marché des titres de créances négociables dans le but de diversifier les sources de financement des grandes entreprises et des trésors publics et d’offrir de nouvelles possibilités de placement des excédents de liquidité des établissements de crédit. Le marché interbancaire également a été dynamisé grâce à la sécurisation juridique des transactions sur ce compartiment du marché monétaire, à travers l’introduction des opérations de pension livrée. Dans le même sens, l’on fait état du réaménagement des instruments et procédures d’intervention sur le marché monétaire, avec l’adoption de nouveaux instruments d’intervention à moyen terme, nécessaires pour faire face à des tensions durables de liquidités. Mais aussi, l’adoption d’une politique monétaire accommodante avec la baisse du taux directeur, l’injection massive de liquidité, à travers notamment le renforcement des moyens d’intervention de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC), la hausse des plafonds de refinancement et la baisse des coefficients de réserves obligatoires. L’on n’oublie pas aussi les nombreuses mesures adoptées par la BEAC au cours de la mandature de Lucas Abaga Nchama en vue de renforcer la stabilité financière en Afrique centrale. Ce, en modernisant les systèmes et moyens de paiement et en accroissant la résilience du système bancaire. Néanmoins, nonobstant ces résultats quelque peu flatteurs, il reste constant que le successeur de Lucas Abaga Nchama hérite d’une banque centrale qui connait une baisse inquiétante des réserves de ses Etats membres. Une situation consécutive à la crise que traversent les Etats de l’Afrique centrale à cause de la chute des prix du pétrole au niveau international, une matière première dont 4 des 6 Etats de cette partie de l’Afrique sont largement dépendants. Une autre situation que devra gérer Abbas Tolli Mahamat, c’est le sentiment de plus en plus grandissant anti-FCFA, la monnaie utilisée dans la zone CFA fait à présent l’objet de plusieurs critiques, dont certains militent pour sa dévaluation, pendant d’autres demandent la sortie pure et simple de cette monnaie.

Blaise Nnang

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