Dans une tribune, Vincent Bolloré se dit victime de préjugés contre l’Afrique

Le groupe du milliardaire français est soupçonné d’avoir utilisé les activités de conseil d’Havas, entreprise qu’il contrôle, pour obtenir des marchés au Togo et en Guinée.
Mis en examen dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption pour l’obtention de concessions en Afrique, Vincent Bolloré conteste ces accusations et toute irrégularité dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche du 29 avril.
Pour l’homme d’affaires, qui s’exprime pour la première fois depuis sa mise en examen mercredi, les suspicions à l’égard des activités du groupe Bolloré résultent d’une vision biaisée de ce « continent d’avenir » et d’un « traitement inexact et condescendant des Africains ».
« En raison de campagnes véhiculant des informations fausses ou malveillantes », l’Afrique est considérée « comme une terre de non-gouvernance, voire de corruption, [avec] des chefs d’Etat décidant seuls d’accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux », écrit le Breton.
Le PDG a été mis en examen pour corruption d’agent public étranger, complicité d’abus de confiance et complicité de faux. La justice soupçonne des dirigeants de Bolloré d’avoir utilisé le groupe de communication Havas, alors une de ses filiales, pour faciliter l’accession au pouvoir de dirigeants africains et obtenir en contrepartie des concessions portuaires.

Appels d’offres internationaux
Les juges s’intéressent en particulier aux conditions de reprise par le groupe Bolloré de la concession du port de Conakry, en Guinée, et de la gestion d’un terminal de conteneurs du port de Lomé, au Togo.
« Comment imaginer que des dépenses de communication de quelques centaines de milliers d’euros comptabilisées en toute transparence avec un groupe de communication de taille et de réputation mondiale, aient déterminé des investissements de centaines de millions d’euros pour des opérations portuaires [ayant fait l’objet] d’appels d’offres internationaux ? », argue Vincent Bolloré dans l’hebdomadaire dominical.
D’autant plus que ces opérations ont été réalisées « dans un cas, deux ans, dans l’autre, neuf ans avant les élections de personnalités présumées corrompues [d’Alpha Condé en Guinée et de Faure Gnassingbé au Togo] », poursuit-il. Le groupe Bolloré avait déjà nié toute irrégularité en des termes comparables cette semaine.

« En toute bonne foi »
L’homme d’affaires déplore aussi qu’« en raison de campagnes véhiculant des informations fausses ou malveillantes », le continent africain, où son groupe a investi « près de 4 milliards d’euros et a contribué à (…) créer énormément d’emplois », soit « appréhendé comme une terre de non-gouvernance, voire de corruption ».
« J’ai réalisé au cours de ces derniers jours que ce que nous faisions en toute bonne foi depuis longtemps, vu à travers le prisme d’un continent africain considéré comme dirigé par des équipes sans foi ni loi était le terreau d’une suspicion légitime », développe-t-il, assurant poser « sérieusement » la question : « faut-il abandonner l’Afrique ? », également titre de la tribune.

« Chasse aux sorcières »
M. Bolloré revient également sur l’affaire de la Socapalm, société spécialisée dans l’huile de palme au Cameroun, dont son groupe est actionnaire. « Quand je vois la chasse aux sorcières organisée contre nos agissements dans des plantations qui ne nous ont jamais appartenu et où nous n’avons aucun employé… », poursuit l’entrepreneur en référence à un reportage de France Télévisions, contre lequel le groupe Bolloré a porté plainte pour diffamation en 2016.
Ce reportage évoquait les activités de la Socapalm et diffusait notamment le témoignage de sous-traitants, pour certains présentés comme mineurs, payés à la tâche, travaillant sans vêtements de protection et logeant dans des conditions insalubres.
Le groupe contrôlé par la famille Bolloré joue un rôle de premier plan en Afrique, où il est présent dans 46 pays, exploite 16 terminaux à conteneurs ainsi que trois concessions ferroviaires et emploie 25 000 personnes. Le continent représente environ 20 % de son activité, hors intégration récente du géant des médias Vivendi.

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