La discrimination à l’encontre des jeunes Africains de la diaspora en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis

NAIROBI, Kenya, 1er février 2024 -/African Media Agency(AMA)/- Qu’est-ce que c’est que d’être un jeune Africain de la diaspora ? Selon le nouveau rapport Être africain : Comment les Africains appréhendent- ils la diaspora? Les jeunes Africains de la diaspora subissent différents types de discrimination – éxotisation en France, microagressions au Royaume-Uni, et surveillance et profilage aux États-Unis.

Le dernier rapport de recherche de l’organisation de changement narratif Africa No Filter étudie la manière dont les jeunes Africains vivent leur diaspora, comment ils définissent le fait d’être Africain et les fondements de leur appartenance. Il examine également la manière dont ils définissent leurs relations avec d’autres Africains et comment les stéréotypes dominants sur l’Afrique influencent la perception du continent par les jeunes de la diaspora.

Le rapport révèle que si la vie dans la diaspora est marquée par divers types de discrimination, les jeunes Africains de la diaspora possèdent un double héritage unique qui les rend fiers des langues, de la cuisine, de la musique et de l’histoire africaines, tout en étant fortement liés à la langue et à la culture de leur pays d’accueil.

Leur perception de l’Afrique n’a pas non plus été trop influencée par les nombreux récits négatifs sur le continent véhiculés par les médias grand public. Au contraire, ils s’appuyaient sur les relations interpersonnelles et les réseaux sociaux, et parfois sur des voyages sur le continent, pour acquérir des connaissances sur l’africanité. En outre, les expériences de discrimination et les récentes prises de conscience raciales dans les pays d’accueil ont également été à l’origine d’un intérêt plus marqué pour l’Afrique.

Moky Makura, Directrice exécutive d’Africa No Filter, a déclaré : « Ce rapport est incontournable pour les gouvernements africains et les pays d’accueil de la diaspora car il se penche sur un groupe insuffisamment étudié : Les récits uniques et personnels de la vie dans la diaspora sont une occasion pour les gouvernements africains et les pays d’accueil de réfléchir sur la manière de transformer les jeunes Africains de la diaspora en un atout économique, social et culturel tant pour leur pays d’accueil que pour leur pays d’origine ».

Le rapport a été rédigé par les universitaires Lusike Mukhongo, Winston Mano et Wallace Chuma. En voici les principales conclusions :

  • Les jeunes issus de la diaspora subissent différents types de discrimination en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis, mais le résultat est le même : ils ont le sentiment de ne pas appartenir pleinement au pays dans lequel ils vivent. Ils se replient sur leur identité africaine, mais la considèrent comme quelque chose dont ils doivent être fiers, qu’ils doivent nourrir, préserver et développer par le biais de visites et d’une reconstitution historique.
  • La capacité à parler une langue africaine était le critère d’identité le plus apprécié des jeunes de la diaspora – même ceux qui ne parlaient pas une langue africaine souhaitaient pouvoir le faire.
  • Les récentes vagues de prise de conscience raciale aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France, ainsi que les campagnes « BlackLivesMatter » ont amené les jeunes de la diaspora à en apprendre davantage sur leur héritage et leur identité. Ils se sont notamment tournés vers l’apprentissage de l’histoire africaine, le port de vêtements et de coiffures africains et l’utilisation de noms africains. L’identité africaine des participants a également été renforcée à la maison en parlant et en entendant des langues africaines, en mangeant de la nourriture africaine et en écoutant de la musique africaine.
  • Les jeunes issus de la diaspora sont mal traités dans leur pays d’accueil, sont souvent marginalisés et n’ont pas un accès égal aux services et aux ressources publiques, par rapport à d’autres groupes raciaux. Toutefois, la nature du traitement varie d’un pays à l’autre : au Royaume-Uni, les Noirs subissent des microagressions similaires, qu’ils soient Britanniques noirs, Africains, Afro-Américains, Caribéens ou Afro-Latinos ; en France, les diasporas subissent une exotisation ; et aux États-Unis, elles vivent dans la peur en raison des violences policières et autres violences raciales qui ont lieu dans le pays.
  • Les jeunes de la diaspora ont généralement une connaissance limitée de l’Afrique, mais une grande soif de savoir. Ils recherchent donc des informations sur le continent à partir d’un large éventail de sources, notamment les parents, les proches vivant en Afrique et dans la diaspora, les livres et les réseaux sociaux. Les participants qui ont voyagé sur le continent estiment avoir de meilleures connaissances que ceux qui n’ont vécu que dans la diaspora ou qui ont déménagé dans la diaspora à un jeune âge, notamment en ce qui concerne la compréhension des nombreuses et diverses cultures présentes sur le continent.
  • Dans les trois pays, les participants considèrent que la couverture médiatique internationale de l’Afrique est biaisée, basée sur des stéréotypes et essentiellement négative – axée sur la pauvreté et la violence politique – mais leur opinion sur l’Afrique et leur identité en tant qu’Africains n’ont pas été trop influencées par ces reportages, car ils étaient conscients de la partialité. Par exemple, au Royaume-Uni, la plupart des participants ont eu accès aux informations par l’intermédiaire de la BBC, d’ITV et de Sky News, qui, selon eux, donnaient régulièrement une image erronée de l’Afrique. Ainsi, même si les participants ont prêté attention aux images de l’Afrique véhiculées par les médias grand public, ils n’ont pas été facilement influencés par ces images. Néanmoins, ils s’inquiètent de l’impact de ces récits négatifs sur les non-Africains.
  • Même les histoires positives sur l’Afrique sont perçues comme concernant principalement des individus, par exemple des histoires d’étudiants africains gagnant des concours à l’étranger, d’inventeurs africains couronnés de succès, d’hommes et de femmes d’affaires africains gagnant de l’argent, ou encore d’une femme kenyane qui transforme des déchets plastiques en briques pour la construction de logements. Cette focalisation sur les individus maintient une image négative de l’Afrique, ne laissant apparaître que quelques poches de positivité.

Méthodologie: dans le cadre de cette étude, 70 Africains âgés de 18 à 28 ans ont été interrogés aux États-Unis, 20 au Royaume-Uni et 20 en France. Les participants étaient des membres de la diaspora de première ou de deuxième génération, nés dans la diaspora ou y ayant déménagé avant l’âge de cinq ans. Tous les participants n’avaient que peu ou pas de souvenirs fixes de l’Afrique et s’appuyaient principalement sur les informations qui leur étaient communiquées dans leur pays d’accueil.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour Africa No Filter.

Demandes de renseignements : [email protected].

À propos d’Africa No Filter

Africa No Filter existe parce que de nombreux récits sur l’Afrique tournent encore paresseusement autour d’une seule histoire, celle d’un leadership médiocre, de la pauvreté, de la corruption, de la maladie et des conflits. Ces histoires ne décrivent pas les autres aspects plus progressifs de l’Afrique et perpétuent collectivement l’idée que l’Afrique est brisée, dépendante et n’a pas d’influence. Conséquence : des stéréotypes néfastes continuent d’être véhiculés à l’encontre de l’Afrique, malgré les progrès considérables que nous réalisons. La mission d’Africa No Filter est de modifier ces stéréotypes, car ils influencent la façon dont le monde perçoit l’Afrique et la façon dont l’Afrique se perçoit elle-même. Par le biais de la recherche, de l’octroi de subventions, de la création de communautés et du plaidoyer, nous soutenons les professionnels de la narration afin qu’ils contribuent à modifier les stéréotypes sur l’Afrique, une histoire à la fois. Nos partenaires financiers sont la Fondation Ford, Bloomberg, la Fondation Mellon, Luminate, l’Open Society Foundations, Comic Relief, la Fondation Hilton et la Fondation Hewlett.

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