Cameroun: Il faut sauver le Centre climatique de Dschang

La perle du parc hôtelier de l’Etat à l’Ouest n’est plus ce qu’elle était. Le Centre climatique prend froid
Même le café ne réchauffe pas. Le visiteur pouvait pourtant l’espérer, après avoir cherché son chemin, dans la pénombre d’un soir frais d’octobre, pour accéder à la colline où trône, comme un vieux et beau meuble, la réception du Centre climatique de Dschang.[pagebreak] Les chalets, les courts de tennis, la piscine, les immenses espaces verts qu’affectionnent les pratiquants d’équitation sont toujours là.
L’herbe folle aussi, souvent. Le centre domine la ville du haut d’un dénivelé de 1380 mètres. Bien que la pression immobilière pousse des riverains à mordre sur son vaste domaine.
« Ça ne va pas, c’est vrai ! », confesse sans détour un des rares employés qui s’activent encore sur ce qui était un joyau de l’hôtellerie camerounaise, longtemps avant l’indépendance. Plutôt heureux de recevoir, l’hôte s’empresse de vous loger. Sans masquer les défaillances de tel ou tel équipement. Là, le toit, joli sous le soleil qui réchauffe ses ardoises, fuit. L’eau qui s’infiltre a mouillé un des fauteuils du séjour, juste devant la cheminée où une bûche dort depuis fort longtemps.
Un des robinets a bien accepté de s’ouvrir mais se rebelle à l’action de fermeture. En essayant ailleurs, on finit par trouver un chalet bien mieux loti et dormir les poings fermés sans le moindre grillon dans les environs.
Dans le calme de la station d’altitude qui a au moins conservé cet atout malgré la rumeur de la ville environnante, l’on peut tout de même reposer son regard et nourrir l’esprit sur l’originalité de l’architecture. L’alliance du moderne et des figures traditionnelles de l’habitat en pays bamiléké donnent à l’endroit une allure unique. « Beaucoup de personnes ont toujours apprécié ce centre pour cela. Il est très pénible de voir ce qu’il est devenu », regrette Jean Nkengsa, natif de la région et fan désabusé du Centre climatique de Dschang.
Hier, en effet, les toits coniques de la grande case-abri du restaurant aux belles boiseries patinées figuraient fièrement dans les manuels de géographie économique et les cartes touristiques du Cameroun. La mousse qui a envahi les marches, les fougères dans les gouttières n’ont pas complètement défiguré un établissement où les travailleurs n’attendent que l’ « argent qu’on a annoncé » pour la relance. Toutes les mesures locales que la direction a prises n’ayant eu que le succès de pis-aller. Comme ce téléviseur bon marché de dix pouces que l’on a placé dans certains chalets, et pas dans chacun d’eux, mais qui s’obstine, malgré le câble qui y est fixé, à ne diffuser qu’une improbable chaîne de télévision étrangère.

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