Succession de KADJI DEFOSSO et avenir du Groupe MONKAM, les vérités de Maître Alain-Christian Monkam

Au micro de 237online l’avocat au barreau de Paris se projette sur l’avenir du Groupe Kadji après la mort de son fondateur en revisitant les liens entre la famille Monkam et celle du défunt.

Quelle analyse vous suggère cette haute marque de reconnaissance de l’Etat ? Pensez-vous que Kadji le méritait bien ou encore mieux que ce qui a été fait ?

Son Excellence le Président Paul BIYA a voulu rendre hommage à un entrepreneur de génie, M. Joseph KADJI DEFOSSO, qui a créé de nombreuses entreprises au Cameroun ainsi que beaucoup d’emplois au bénéfice des Camerounais. Le Président BIYA a également souhaité saluer un allié politique dans ce contexte des élections présidentielles. Les grands hommes d’affaires Bamilékés de cette génération-là ont apporté un soutien politique indispensable à l’installation et au maintien du régime. En retour, il convient de rendre crédit au Président BIYA qui a beaucoup contribué à la formidable prospérité de la communauté Bamiléké.

Votre père Monkam Pascal était présent à ces obsèques et a même prononcé un discours fort applaudi. Quel commentaire faites-vous de ce discours ?

Effectivement, mon père M. Pascal MONKAM PDG des Hôtels La Falaise, a prononcé un discours émouvant où il a parlé de « rassemblement » et de la pérennité des œuvres industrielles au Cameroun. J’avais moi-même déjà évoqué ces questions dans les médias dès 2010 bien que je n’ai pas été entendu à l’époque. J’espère que M. Pascal MONKAM n’en restera pas à des discours poignants mais qu’il prendra enfin des mesures concrètes pour rassembler sa propre famille polygamique de 5 épouses et 16 enfants. Il lui suffit de suivre l’exemple de son ami éternel M. KADJI DEFOSSO qui a rassemblé sa famille depuis longtemps selon les déclarations de sa fille Me Josette KADJI DEFOSSO.

Quelles sont les relations qu’entretient votre famille avec celle du défunt Kadji Defosso ?

M. KADJI a été un modèle et un exemple pour mon père. Lorsque M. Pascal MONKAM s’est lancé dans les affaires grâce à un prêt personnel de mon grand-père maternel, il avait acquis des années plus tard un terrain accolé près du domicile de M. KADJI pour construire l’hôtel La Falaise BONANDJO. Vous savez également que mon père est un grand distributeur de bières des Brasseries du Cameroun, à l’image de M. KADJI qui avait crée la marque de boissons UCB. Enfin, la maison de mon père au village BAKASSA se trouve à quelques pas de celle de M. KADJI à BANA.

Vous être proche de cette famille, quelles sont les scénarios possibles pour ce qui est de la succession de Joseph KADJI DEFOSSO?

Je pense très sincèrement que tout se passera bien dans cette succession, contrairement au spectacle terrible auquel nous assistons souvent. Il semble que M. KADJI a tenu de son vivant à donner une place à tous les membres de sa famille. Il n’y a donc aucune raison qu’après son départ, la famille s’étripe. Je pense que l’œuvre de M. KADJI est partie pour durer des siècles !

Votre famille qui ressemble à bien des points à celle de Kadji pourrait-elle connaître le même équilibre ?

Oui mais cela dépend d’un homme et un seul : M. Monkam Pascal fondateur de la famille. Ou bien M. Pascal MONKAM est capable de jeter les vieilles rancunes dans le fleuve le Wouri et de rassembler les siens, auquel cas nous atteindrons un équilibre semblable à celui de la famille KADJI. Ou bien M. Pascal MONKAM continue à trier entre ses enfants pour favoriser certains, et là je crains le déluge. Je ne peux pas imaginer que mon père oublie qu’’il a réussi notamment grâce au soutien financier de mon grand-père maternel JEAN ainsi qu’au travail de sa première épouse, ma mère JEANNE, qui a élevé pendant des années en France les enfants des co-épouses que M. Monkam Pascal avantage grossièrement aujourd’hui.

Quelle est votre vision si vous étiez aujourd’hui ou demain à la tête de la Société des Etablissements Monkam Pascal ?

Si mon père me confiait le pouvoir et les responsabilités aujourd’hui ou demain, je chercherai d’abord à rassembler une famille éprouvée, meurtrie et divisée par des années de conflits en tout genre. Pour cela, il convient d’abord d’écouter, de dialoguer et de tendre la main. Chacun doit se sentir investi d’une mission au sein du Groupe Monkam pour mieux le faire prospérer et le protéger contre les prédateurs étrangers. Trop de groupes de sociétés, y compris en Europe, passent souvent sous le contrôle de financiers suite à des conflits familiaux.

Concernant la marche des affaires, je continuerais l’œuvre de mon père dans le secteur hôtelier mais j’irai vers la voie de la concentration d’entreprises. Il y a trop d’acteurs dans l’hôtellerie aujourd’hui et certains doivent céder leur place et quitter le marché. Je poursuivrai également le travail de mon père qui a internationalisé le Groupe en investissant en Afrique du Sud. Mais, je regarderai plutôt les opportunités d’investissement en Afrique Centrale. Je crois à l’avènement du commerce régional.
Par ailleurs, j’établirais un règlement intérieur dans le groupe afin d’instituer des règles de gestion saine : plancher et limitation de l’âge des dirigeants, centralisation et contrôle des dépenses notamment par des cabinets d’audit internationaux. Enfin, je créerais une holding contrôlée par la famille MONKAM afin de faire échec aux appétits de prédateurs étrangers.

Votre mot de fin

Un mot simple : j’’adresse mes profonds respects posthumes à M. KADJI DEFOSSO qui a été et restera à jamais un très grand entrepreneur Camerounais. Je vous remercie de m’avoir accordé l’opportunité de saluer sa mémoire. Mille fois merci !

Entretien Mené par Baloum Amchidé, 237online.com

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