Cameroun – Université de Yaoundé 1 : Des étudiants désillusionnés par la télé-évaluation

Témoignage du père de l'étudiant tabassé à mort à l'université de Yaoundé 1

Ce système d’évaluation numérique institué depuis l’année académique dernière présente de nombreuses failles qui occasionnent l’obstruction  de cursus académique voire  le  recalage de  bien des COP’S.
Un projecteur, une télécommande, un ordinateur portable et un écran de projection, voila qui fit un pied de nez, du fait de sa promptitude, à l’ère des stylos à bille et des cahiers d’étudiants (…) pour ce qui est de l’évaluation ainsi que la correction à l’université de Yaoundé 1.  Si la télé évaluation brille toujours par cette rapidité avec ses questions à choix multiples, l’éventail des irrégularités qu’elle occasionne chez les étudiants se fait de plus en plus large. Paul étudiant en Lettre Moderne Française se prépare avec dépit pour les sessions de rattrapage parce que « pendant la session Normale de janvier 2017, la télécommande qui m’a été donnée ne fonctionnait pas, je me suis plaint sans succès dans la salle »  à lui de préciser que lorsque la télécommande est défectueuse, l’étudiant la possédant est considéré comme absent. Paul aura donc malgré lui au total 3 matières à reprendre et la moindre erreur pourrait et  fatale pour le passage  en niveau 3, et partant, pour son cursus tout entier. Le tourment qui le traverse est comparable au  chagrin qui hante collette,  étudiante en première année géographie qui aura eu des sueurs froides pendant la journée du 24 janvier 2017. En effet, quand la jeune bachelière « novice » se voyait à chaque fois  aller au delà des 45 secondes imparties pour répondre aux questions, quand  c’est un mauvais choix qu’elle essayait de rectifier, ces gestes lui ont valu à chaque fois « zéro point », sans doute parce que les deux jours d’imprégnation à  cette technologie ne sont pas suffisants pour tous. Dans le wagon de ces irrégularités qui découlent de la télé-évaluation on peut aussi évoquer la dépendance à l’énergie électrique, la survenue  de brèves ou de longues coupures n’empêchent pas que la règle de 45 secondes pour une question soit toujours appliquée au grand malheur des Etudiants. Ce qui est d’autant plus malheureux c’est que contrairement à l’époque des feuilles de composition, il n y a aucune issue de recours avec la télé-évaluation. Le rattrapage est automatique au moindre faux bond.             
Dans cet inconfort quasi constant, des étudiants s’avancent sur les pistes de solution.  Ghislain étudiant  pense qu’il faut « une mise à jour fréquente du dispositif utilisé pour la télé-évaluation, les télécommandes doivent  être testées des jours avant les examens et aussi il faut qu’on équipe les salles d’énergie alternative pour prévenir d’éventuelles coupures d’électricité ». Si de l’avis d’Edmond, étudiant en géographie 1« la télé-évaluation en elle même n’est pas une mauvaise chose, mais je pense que c’est l’adaptation au contexte qui  est mal gérée », loin de proposer un ajustement de la technologie au contexte camerounais, Jeanne étudiante en Lettre bilingue propose « qu’on rentre dans le système d’évaluation avec les cahiers de composition,  car en plus  d’être une méthode de composition pour les paresseux qui n’ont pas beaucoup à dire, la télé évaluation a trop de failles » à elle d’ajouter que  « La réalité est la  même partout dans notre pays, on place toujours la charrue avant les bœufs » les officiels de l’université de Yaoundé 1 ne s’y seraient pas préparés ?  L’administration se garde tout commentaire.
Instaurée depuis le début  de l’année académique 2015-2016 à l’université de Yaoundé 1 la télé-évaluation est utilisée pour l’évaluation en Faculté des Arts Lettres et Sciences des étudiants du niveau 1 et 2, en Faculté des Sciences elle est usitée par les étudiants du niveau 1,2 et 3. Elle  met en la possession de chaque étudiant, une télécommande. Celui-ci choisit le numéro de sa réponse. Ensuite, il la valide avec un bouton vert. A la fin de l’évaluation, quelques minutes plus tard, il prend connaissance de ses résultats, grâce à l’ordinateur central. La batterie d’avantages que cette technologie offre aux pensionnaires et personnels de l’université de Yaoundé 1 ne doit pas occulter la menace non négligeable qu’elle représente d’ores et déjà pour l’avenir des COP’S désormais victimes muselées de ses adynamies.

Romulus Dorval KUESSIE, 237online.com

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