Cameroun – Ordre des avocats: les stagiaires recalés retournent à l’école

La reprise a été marquée vendredi par la traditionnelle conférence de stage organisée à Yaoundé.
Mine serrée pour d’aucuns, soucieuse pour d’autres, c’est d’un pas hâtif que les stagiaires n’ayant pas obtenu le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa), au terme de l’examen organisé en février et mars 2018, se rendent ce vendredi 8 juin dans l’amphithéâtre de la Croixrouge camerounaise.
Le local sert de cadre au séminaire national de formation marquant la reprise des travaux de la conférence du stage. Thème choisi, dans un contexte fort particulier marqué par une marche des avocats en robe :
« Le costume professionnel de l’avocat ». L’ouverture des travaux est présidée par le directeur des professions judiciaires du ministère de la Justice, représentant le Garde des sceaux. La quasi-totalité des 900 stagiaires recalés a répondu à l’appel. Dans la salle comble, ils se chahutent.
« Que fais-tu ici ? Donc tu as aussi échoué ? », entend- on régulièrement. A l’annonce de l’entrée des membres du conseil de l’Ordre, avec à leur tête le bâtonnier Me Ngnie Kamga Jackson, une rumeur boudeuse sourd dans la salle. Les stagiaires sont difficiles à dérider.
Les chahuts et les quolibets se multiplient. Le maître de cérémonie tente un rappel à l’ordre amical : « Vous êtes des avocats, un peu de tenue ! ». « Non, le bâtonnier a dit que nous sommes des cancres », lui répond-on en face. Le ton est donné. S’ils pensaient l’intimider, les stagiaires apprennent dans le discours du bâtonnier qu’il ne cèdera ni à la pression, ni à la manipulation, encore moins à la tricherie. « Le stage d’avocat a pour objet et pour finalité de permettre aux apprenants de se doter des outils techniques, didactiques, déontologiques et éthiques indispensables à l’exercice de la profession d’avocat », précise Me Ngnie Kamga.

Et de rappeler le contenu nécessaire du stage : assiduité aux exercices, conférences de stages, enseignements des règles et usages de la profession, fréquentation des audiences, travail dans le cabinet du maître de stage, entre autres.
Ces précisions faites, il revient au conseiller Me Tchakouté Patie Charles de rentrer, le premier, dans le vif du thème retenu pour la conférence. A l’annonce, l’avocat moissonne les tout premiers applaudissements de la journée. Jouant la carte de l’apaisement, il rappelle aux stagiaires les règles déontologiques et les rassure, d’entrée de jeu, que tout n’est pas perdu. « Je ne ferai pas le choix de ce terme « échec ».
Considérez que vous avez fait une malencontreuse chute. Dites-vous que la réussite est tout simplement différée », a indiqué Me Tchakouté Patie. Avant de définir le costume professionnel de l’avocat, de ressortir son histoire, de s’étendre sur le port et le sort de la robe. S’intéressant particulièrement aux vertus purificatrices, protectrices, d’identification et d’égalité de cet accoutrement, Me Tchakouté Patie a déclaré : « Entre avocats, la robe est le signe visible de l’égalité.
C’est la même robe que porte aussi bien le bâtonnier que le dernier stagiaire entré dans l’Ordre». Puis de relever des circonstances habituelles, inhabituelles et exceptionnelles du port de la robe. « Manifester publiquement en robe, c’est l’expression du droit de protestation des avocats lorsque le sentiment d’injustice inhibe le besoin de justice, mais aucun acte de défiance à l’égard des institutions ordinales n’est admissible », martèle-t-il.
Ses pairs et les stagiaires l’écoutent religieusement, ponctuant de temps en temps son propos, qui s’achève dans un « standing ovation », d’applaudissements nourris. Il faudra à Me Bernard Muna, bâtonnier émérite, toute son expérience pour voler tout aussi haut.

Yvette MBASSI-BIKELE

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