Cameroun – Gestion de l’effort de guerre: Paul Biya limoge le colonel Martin Claude Owona

Colonel

Paul Biya a limogé hier le commandant de la Base aérienne 101, soupçonné d’indélicatesses.Pour un premier coup de pied dans la fourmilière de la gestion des dons en faveur des forces de défense et des populations, dans le cadre de la guerre contre Boko Haram, c’en est forcément un. Le président de la République a signé hier un décret qui limoge le commandant de la base aérienne 101, unité qui relève de la région militaire interarmées n°1. Le colonel Martin Claude Owona (en poste depuis deux mois seulement) est remplacé par le colonel Mvondo Menyengue Alfred, qui a notamment officié comme chef de division du suivi des opérations de maintenance des matériels majeurs des forces de défense, au ministère de la Défense.
De sources introduites, le haut commandement tient des preuves de l’implication présumée du commandant démis de ses fonctions (par un décret lu sur les ondes de la radio nationale au journal parlé de 13h) dans un réseau de détournement de dons en nature offerts par les opérateurs économiques et les entreprises citoyennes au cours de cérémonies organisées courant février, mars et avril à la Base aérienne 101, sous l’égide du ministère du Commerce et du ministère de la Défense. En fait de dons en nature, il s’agit de produits et denrées alimentaires -sucre, riz, pâtes alimentaires, farine, mayonnaise, huile végétale raffinée, sardines, sel de cuisine, banane, biscuits, maïs, haricot, confiture, petits pois, pâté, chocolat, ignames, jus de fruits, viande de bœuf, tomate, eau minérale, lait, papier hygiénique, savon, médicaments et accessoires médicaux.
«[i]Pour éviter certains dérapages au Mincommerce, le ministre a insisté pour que ces dons soient directement remis à la base aérienne, après lecture de la liste des contributeurs[/i]», souffle un fonctionnaire en service dans ce département ministériel. Mais au niveau de Base aérienne, un réseau a spontanément vu le jour. Des dons ont ainsi été détournés pour être revendus dans des supermarchés et grandes surfaces ou pour être consommés à domicile.
Ce réseau a été démantelé suite aux enquêtes commandées par le chef suprême des armées et, d’après nos informateurs, la liste des coupables (notamment des militaires) est longue. Tous les coupables de ses actes proprement déshonorant pour l’armée seront présentés devant le Tribunal militaire dans les tout prochains jours. «[i]Ils sont connus et identifiés, personne n’échappera»[/i], révèle-t-on au sein de la «Grande muette». A la Base aérienne, l’on attribue ces agissements à des soldats isolés. «[i]Le commandant paye simplement parce que c’est lui le chef et qu’il faut bien couper une tête[/i]», relève un militaire.
En tout état de cause, par cette démarche (qui est assortie de la publicité nécessaire), le président de la République confirme qu’il tient dur comme fer à une gestion saine, transparente et rationnelle de l’effort de guerre destiné aussi bien aux soldats déployés sur la ligne de front qu’aux populations victimes des affres de la secte terroriste Boko Haram. Sur instruction du chef de l’Etat, le ministre des Finances avait déjà procédé à l’ouverture dans les livres du Trésor public, d’un compte spécial intitulé «Contribution du peuple, lutte contre Boko Haram», sous le N°4504137. Paul Biya a ensuite créé le comité interministériel ad hoc de gestion des dons destinés aux populations et aux forces de défense dans le cadre de la guerre contre Boko Haram. Le 30 avril dernier, ce comité présidé par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, René Emmanuel Sadi, a fait savoir qu’à cette date-là plus d’un milliard Fcfa était déjà dans la cagnotte.

Georges Alain Boyomo

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