Cameroun – Consommation: Akonolinga expose son potentiel agricole

Des femmes rurales de cette localité ont initié un marché à ciel ouvert pour écouler leurs produits. [pagebreak]Akonolinga, «la cité du Kanga.» Même si le chef-lieu du département du Nyong et Mfoumou (Centre) doit sa réputation à ce poisson d’eau douce pêché dans le fleuve Nyong, Akonolinga, c’est aussi l’agriculture. Une agriculture portée par des femmes rurales qui ont choisi de s’organiser en coopérative pour mieux écouler leurs produits. C’est ainsi qu’est né le Regroupement local de l’économie sociale et solidaire d’Akonolinga (Relessa) qui œuvre au quotidien pour le développement de ses membres, afin d’assurer leur bien-être et celui de leurs familles. Samedi dernier, ces femmes, dont certaines ne connaissent d’autre activité que l’agriculture et les travaux champêtres, sont sorties de leurs champs pour exposer le fruit de leur labeur.
L’esplanade de la place des fêtes s’est donc transformée pour l’occasion en un marché à ciel ouvert pour une foire exposition-vente, où le public pouvait acheter des vivres et autres denrées alimentaires venus directement des champs et vendus à des prix concurrentiels, affirmaient les commerçantes. Ici, des ananas vendus à 300 Fcfa qu’on vendrait à 500, voire 600 Fcfa dans les marchés conventionnels. Là, du plantain dont les prix oscillent en fonction de la grosseur du régime (1.000 Fcfa, 2.500 Fcfa, 4.000 Fcfa, etc.). Plus loin, du manioc, du maïs, des bâtons de manioc… Et le fameux «kanga» fraîchement sorti de l’eau et commercialisé à 5.000 Fcfa.
Foléré
«Notre regroupement est né du constat d’un manque d’organisation des femmes à la base parce qu’elles avaient tous ces produits dans leurs champs mais n’avaient pas où les écouler. Conséquence : les gens venaient acheter à vil prix. Dans le souci de créer le développement des femmes dans l’arrondissement, il a fallu chercher des voies et moyens pour en arriver là», explique Léontine Evina, la présidente fondatrice du Relessa. Si le potentiel agricole est bien là, l’absence de routes reste un problème épineux qu’il faut résoudre. «Le problème d’enclavement est réel parce qu’il n’y a pas encore des zones accessibles au transport en commun. Les femmes de ces zones ont beaucoup de mal à évacuer leurs produits vers les zones de commercialisation. Elles se débrouillent à travers les porte-tout et les hottes», déplore Mme Evina.
L’occasion faisant le larron, la présidente du Relessa a profité de la descente du ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Essimi Menye, pour lui soumettre ce problème. «Le champ aussi est une entreprise. C’est pour cela que je me réjouis de ce début d’organisation», a pour sa part déclaré le Minader. Ce dernier a par ailleurs annoncé la distribution gratuite des graines d’oseille, communément appelé «foléré.» «Il y a de l’herbe qui pousse au bord du Nyong et qui consomme la bonne terre qui est au bord du fleuve. Il faut qu’on voie comment on peut exploiter cette terre. Je pense qu’il est urgent que cette terre soit utilisée pour le bien économique d’Akonolinga. Ça va augmenter la production et la productivité de cette zone. Nous allons cultiver des cultures (comme le foléré, Ndlr) qui ne demandent pas d’engrais et de pesticides, pour ne pas abimer l’eau», a annoncé le ministre. Ce dernier espère se voir développer une industrie de jus de foléré à Akonolinga et dans le reste du pays.

Patricia Ngo Ngouem

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