Cameroun – Inquietudes: La hantise de l’austérité des années 90

Croissance en baisse

Une évocation de ce que purent être les mesures d’ajustement structurel décidées par le gouvernement sous le contrôle du Fonds monétaire international.
Pour bien montrer ce que les Camerounais entendent par austérité et qu’ils ne veulent plus vivre, revisitons quelques extraits de « Cameroun : le pari de la croissance et du développement », un essai publié en 2000 par Jean Marie Gankou, ancien ministre et agrégé d’économie. « Après l’annonce officielle de la crise économique au Cameroun le 19 février 1987, il faut attendre le mois de septembre 1988 pour que notre pays s’engage dans un accord avec le FMI. (…) Les mesures de réduction du train de vie de l’Etat comprennent : la réduction des dépenses de matériel, la promotion d’une politique de logement qui favorise l’accès à la propriété et limite les locations administratives, la suppression de toutes les dépenses non justifiées, etc. Par ailleurs, en vue de contenir les dépenses de personnel dans des limites supportables, le gouvernement décide : le gel des salaires et des effets financiers des avancements ; la restructuration des éléments de salaires (primes et indemnités) pour les agents du secteur public et parapublic ; le lancement de l’opération « Antilope » visant à assainir la fonction publique par l’identification et a radiation des fonctionnaires fictifs et la mise à la retraite systématique des personnels atteints par la limite d’âge. » En septembre et octobre 1993, l’Etat ne parvient pas à payer les salaires mensuels de ses fonctionnaires. Pis encore, il va procéder à deux baisses successives de salaire de ses agents. Si la première, de janvier 1991, fut de 10%, les deux de janvier et novembre 1993 furent de vrais coups de massue. Le 31 décembre 1993, Paul Biya déclare : « Le choix était pourtant douloureux -ou licencier plusieurs dizaines de milliers d’agents de l’Etat -ou procéder à une nouvelle baisse des rémunérations à un niveau compatible avec nos ressources. Nous avons choisi la réduction des salaires pour ne pas avoir à jeter dans la rues des dizaines de milliers de Camerounais, pères et mères de dizaines d’enfants et de famille, jeunes en début de carrière, anciens fonctionnaires dont la reconversion aurait été difficile. » Ce ne sera pas le bout du tunnel, car après la dévaluation du FCFA le 12 janvier 1994, le gouvernement décide de lancer une opération de dégraissage de la fonction publique. 28 340 agents de l’Etat seront soit mis en retraite anticipée soit mis en départ volontaire. Cette crise de l’emploi s’étend aux entreprises publiques et parapubliques qui sont liquidées, réhabilitées ou privatisées, avec leur lot de licenciements. D’un autre côté, rappelle le livre de Jean Marie Gankou, les paysans sont autant atteints que les fonctionnaires. La Nouvelle politique agricole (NPA), adoptée par le gouvernement dès 1990, aboutit à la « privatisation progressive des activités de développement de l’agriculture, la responsabilisation plus accrue des agriculteurs et la diversification de la production agricole ». En fait, l’Etat va se désengager des secteurs productifs. Ainsi sont nés, le CICC et l’ONCC sur les cendres de l’ONCPB (Office national de commercialisation des produits de base), que les planteurs regrettent toujours.

PNS.

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