Cameroun – Riposte: Beh Mengue répond à ses détracteurs

Le directeur général de l’Art a fait une sortie musclée devant les journalistes pour s’offusquer de la campagne de diabolisation dont il est actuellement l’objet.
Un décor détendu, une centaine d’invités soigneusement installés dans une salle spacieuse de l’hôtel la Falaise de Yaoundé. 237online.com Tout était fait pour créer une atmosphère conviviale à l’occasion du déjeuner de presse organisé par l’Agence de Régulation des Télécommunications hier Jeudi 20 octobre 2016. Prenant la parole pour son propos liminaire, Jean Louis Beh Mengue a dit que son soucis était de formaliser un partenariat durable avec la presse au moment même où une « campagne de dénigrement touche le Régulateur en même temps qu’elle remet en cause la légitimité de ses dirigeants ». Le DG a ainsi parlé « d’informations sensationnelles, de fausses analyses, et de fausses attributions », pour d’entrée disqualifier l’entreprise d’un groupe de 4 journaux qui s’illustrent depuis plusieurs mois par un lynchage médiatique en règle sur sa personne. Mais il ne s’agissait là que de l’entrée. Le plat de résistance était à venir. On allait être servi dans la séance de questions –réponses programmée juste après. Le boss de l’Art s’était déplacé avec une armada de directeurs et de hauts responsables de son entreprise sensés l’épauler dans son combat. Pourtant, comme s’il était finalement seul face à son destin, c’est quasiment sans l’aide de ses collaborateurs que Beh Mengue a répondu point par point aux accusations dont il fait l’objet.

Sur l’amende infligée à certains médias
« J’ai battu le record Guinness du nombre de profils bas dans certains journaux », a glissé le maitre des céans de sa voix monocorde. Pour lui, cet acharnement médiatique tire son origine de la fameuse amende de 100 millions de FCFA infligée à 12 médias privés camerounais qui utilisent des fréquences sans se conformer à la réglementation. Le DG a tenu à rappeler la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les télécommunications électroniques au Cameroun. Au terme de l’article 102 de ladite loi, les utilisateurs de fréquence disposent d’un délai de 6 mois pour payer une redevance à l’ART. « Nous avons attendu plusieurs années et personne n’est venu nous voir. Nous avons ensuite servi des mises en demeure de 15 jours et personne n’est venu. Ce n’est qu’après que nos services juridiques ont pris l’affaire en main pour servir cette amende », évoque Jean-Louis Beh Mengue. Le patron de l’ART s’arque boute sur une position de principe sur laquelle il n’est pas prêt de transiger. « Il ne s’agit pas de ma personne même si je ne suis plus là il faudra payer cet argent qui ira dans les caisses de l’Etat », clame-t-il.

Sur sa légitimité : C’est à Paul Biya de décider
On connait cette posture mais a-t-elle seulement évolué depuis que la chaine de télévision Vision 4 a obtenu une décision du Tribunal administratif suspendant la sanction de l’ART ? Manifestement non car Beh Mengue insiste pour dire que ces médias finiront bien par passer à la caisse. « Nous avons un peu calmé les choses en attendant que la justice suive son cours », dit-il tout en marquant son étonnement à propos de la décision de l’instance juridictionnelle qui a dit le droit sur cette affaire. La requête de vision 4 était fondée sur « l’illégitimité » de l’actuel DG qui aurait selon les avocats la chaine basée à Yaoundé pris cet acte alors qu’il est encore en poste (depuis 17 ans du reste) en violation de la loi du 22 Décembre 1999 qui stipule que : « Le directeur général et s’il y a lieu, le directeur général adjoint, sont nommés à la majorité des 2/3 par le conseil d’administration sur proposition de l’actionnaire majoritaire ou unique, pour une durée de 3 ans renouvelable 2 fois ». « C’est une loi scélérate », s’est défendu Beh Mengue qui a convoqué la constitution, loi fondamentale du Cameroun, qui énonce que le président de la Républiques nomme à tous les postes civils et militaires. « Le président nomme qui il veut quand il veut, la constitution est toujours au-dessus d’une loi particulière », a martelé le dirigeant de l’ART. Curieux tout de même qu’il ait à se justifier d’une aberration juridique propre au Cameroun alors que comme il indique « il ne peut se nommer lui-même ». « Si on me demande de partir je partirai sans regrets mais c’est au président de décider », pousse un Beh Mengue fatigué de ces intrigues de bas étage.

Sur les arrangements avec MTN et Orange
Fatigué que l’on détourne ainsi le public et les consommateurs de l’essentiel. Car les autres griefs énoncés par les représentants du groupe l’Anecdocte, (venus défier Beh Mengue sur ses terres) n’ont eux-aussi pas tenu la route. L’un des journalistes du groupe a évoqué un arrangement qui a permis aux opérateurs MTN et Orange de s’en tirer avec un rabattement de 60% sur les 150 milliards qu’ils devaient à l’Etat, croyant à nouveau charger Beh Mengue. Ce dernier s’est défendu en précisant que ledit arrangement concernait l’ancien ministre des télécommunications et le ministre des finances (les deux tutelles de l’ART) et qu’il s’y était fortement opposé.

A propos de l’immeuble siège
Un confrère du Messager a aussi évoqué la passation du marché de l’immeuble siège de l’ART qui aurait été annulé pour vice de forme. Beh Mengue a répondu qu’un DG n’avait pas le pouvoir d’attribuer un marché de 13 à 14 milliards de FCFA au Cameroun. « J’ai été convoqué au TCS (Tribunal Criminel Spécial) je me suis expliqué et ils ont compris. Ce dossier est désormais clos », a-t-il précisé. « Le processus a été repris le marché a été attribué par le ministère en charge des marchés publics mais personne ne note qu’il y avait de meilleures offres », a encore dit le DG en annonçant pour très prochainement la pose solennelle de la première pierre de l’édifice qui se dressera en face du Hilton Hôtel de Yaoundé. Sur un tout autre chapitre, Beh Mengue a stigmatisé la communication brinquebalante de son entreprise inefficace depuis le temps d’un certain François De Sales Enyegue qui traine aujourd’hui son ex employeur en justice. « Il nous réclame 414 millions de FCFA pour l’avoir mis en retraite quand il a atteint la limite d’âge », susurre-t-il sur le ton ironique qu’il affectionne. Question de décrisper encore plus une rencontre qui aurait pu virer au pugilat.

Hiondi Nkam IV

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