Cameroun: la journée mondiale de la femme rurale se célèbre ce jour

Au-delà des festivités, les femmes du monde rural de l’arrondissement de Ngoumou s’attendent à plus de droits et de considération.
Le chef-lieu du département de la Mefou et Akono sera en effervescente ce jour. Là, les femmes rurales autour d’une table célébreront la journée à elles consacrées et dont le thème «Femmes rurales : accès aux ressources financières dans le secteur agroalimentaire», retenu pour la constance sera débattu. En clair, il s’agira pour elles de s’interroger avec froideur sur l’image et la place qu’occupent les femmes rurales dans le développement du Cameroun. Surtout lorsqu’on sait que vivant dans les campagnes et s’occupant uniquement des travaux champêtres, elles apportent une plus-value à l’économie nationale, à travers l’agriculture traditionnelle et l’approvisionnement des grandes métropoles en produits vivriers.

Défis
Au-delà des festivités et autres agapes liées à cette célébration, il sera surtout question pour ces femmes de Ngoumou, de se pencher sur leurs conditions de vie de campagne, dans un contexte socio-économique marqué par l’insécurité  transfrontalière et la lutte contre Boko Haram dans le grand-Nord du pays. Aussi, d’interpeller les pouvoirs publics à mettre à leur actif des avantages tels que les droits fonciers, accès aux crédits et à la formation) afin qu’elles puissent s’épanouir dans leur milieu. Non sans faire un examen froid et sans complaisance de leurs conditions de vie (regroupements en associations, syndicats).
Mama Hélène, veuve depuis plus de 15 ans, s’occupe des champs vivriers et de sa cacaoyère. Interrogée, elle se montre indifférente sur cette célébration. «Je ne comprends pas le sens de cette journée. Je passe mon temps à travailler dur et c’est ma part que le bon Dieu m’a donné». Interpellée sur d’éventuelles attentes, relatives aux statuts de la femme rurale, elle ne cache pas ses intentions : «qu’est-ce que je peux bien dire aux pouvoirs publics ? Car, dans la plupart des cas, la femme rurale est considérée comme une ratée sociale parce qu’elle n’est pas seulement allée à l’école. Mais surtout, elle travaille les champs et vit au village», fulmine en langue vernaculaire «Ewondo», cette campagnarde. Plus loin, elle pense que la femme rurale joue sa partition dans le développement économique du Cameroun, et qu’il est plus que question pour les pouvoirs publics de la permettre d’avoir accès à des droits et avantages entres autres, le droit à la terre et aux crédits bancaires pour bien mener ces activités agropastorales.
Ebogo Dorothée, habitant Ngoumou pense que les femmes rurales doivent cesser de se sous-estimer et comprendre qu’elles ont une place dans la société et dans l’économie nationale. Surtout que la quasi-totalité d’entre elles ne comprennent toujours pas l’intérêt d’adhérer dans des associations de femmes ou des groupements d’initiative commune (Gic).

Difficultés
En effet, d’après les statistiques des pouvoirs publics, les activités des femmes rurales au Cameroun entrent à près de 30% dans l’économie du pays. Mais confrontée à l’analphabétisme, à la sous scolarisation ou au manque de formation, elles sont parfois la risée de la société, lorsqu’elles ne sont pas chosifiées. Plus graves, elles ont un accès difficile aux terres, aux crédits bancaires et à la formation, des atouts capables de les amener à doper leurs activités et productions agricoles. À ceci s’ajoutent le poids des coutumes, des rites de veuvage ou de la violence conjugale.
En rappel, la célébration de la Journée Internationale de la Femme Rurale a été lancée par plusieurs Organisations non gouvernementales (Ong) à Pékin en 1995 lors de la 4ème  conférence internationale de l’Organisation des nations unies (Onu) sur les femmes. Depuis 1997, cette journée est organisée par la Fondation Sommet Mondial des Femmes Wwsf (Women’s World Summit Fondation)  le 15 octobre de chaque année. L’objectif de cette journée et de donner aux femmes rurales, et à  leurs organisations, la possibilité de rehausser le profil de la femme rurale, sensibiliser les gouvernements et le public sur leurs rôles indispensables, encore et, dans une large mesure, ignoré, Combattre les inégalités et préjugés envers les femmes rurales. Par ailleurs, la Journée Mondiale de la Femme Rurale est un moyen pratique d’obtenir reconnaissance et appui pour les multiples rôles joués par les femmes rurales qui sont majoritairement des agricultrices et de petites entrepreneuses.

Élie Pagal

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