Cameroun – Lutte contre Boko: Haram L’effort de guerre d’E.cam

L’organisation patronale travaille à booster l’exécution physico-financière du Bip dans la région de l’Extrême-Nord.L’organisation patronale Entreprises du Cameroun (E.cam), a organisé, le 11 mars dernier à Maroua, un séminaire de renforcement des capacités des acteurs de l’exécution physico-financière du Budget d’investissement public (Bip) dans la région de l’Extrême-Nord. Les taux de réalisation du Bip dans le septentrion affichent 20% en 2014 pour ce qui est volet physique. L’exécution financière, elle, indique 48% au cours de l’année dernière. Si ce taux n’est pas plus élevé, croit savoir le directeur général d’E.cam, Lucien Ntamag, c’est « du fait du climat sécuritaire peu favorable avec les incursions fréquentes de la nébuleuse terroriste Boko Haram, mais surtout du fait que les Pme [Petites et moyennes entreprises, Ndlr] locales ne soient pas suffisamment outillées pour répondre au dossier d’appel d’offres ». Il a donc été question, pour E.cam, d’élaborer sur la valeur de transparence dans les aspects de gestion comptable, fiscale et financière d’une Pme, afin d’améliorer son image auprès des structures étatiques.
La Pme est certes au cœur de la stratégie de croissance et de l’emploi définie dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) pour la période 2010-2020 (elles représentent, selon les statistiques du Dsce de 2009, 94% de la population totale des entreprises camerounaises et offrent plus de 200000 emplois permanents chaque année), mais la question du financement en demeure le principal goulot d’étranglement. Pour Lucien Ntamag, « elle est à l’origine de la faillite de millions de Pme. Dans le cas spécifique des banques camerounaises, elles ont vocation à financer les investissements des entreprises. Les conditions de prêts ou garanties exigés sont plus à la portée des grandes entreprises qui ont les moyens de contourner les réticences des banques. Ces systèmes de couverture de risque pour les financements d’investissement excluent donc de facto les Pme qui sont obligées d’emprunter à court terme pour assurer le financement de leurs investissements ». Ce qui n’est pas sans conséquences pour la survie de celles-ci. « L’exploitation de la Pme en ressort fragilisée, son développement est affecté et freiné, et elle court le risque de se retrouver plus rapidement que prévu en cessation de paiement », explique-t-il.
Le ministère des Finances, présent, explique certes qu’il y a une réelle volonté des pouvoir publics d’alléger la charge fiscale à travers la baisse, dans la loi de finances 2015, de l’impôt sur les sociétés, mais E.cam pense au fond que ce mécanisme procède plutôt de la volonté du gouvernement à amener plus ou moins subtilement les entreprises à participer à l’effort de guerre contre Boko Haram, « à travers l’augmentation nominale du précompte, de 1% à 2%, ce qui est une augmentation déguisée de l’impôt ».

Contraintes
En guise de solutions, afin de maîtriser la problématique du financement des Pme au Cameroun, E.cam, évoque deux principales pistes : La formation de tous les acteurs et la mutualisation des risques des Pme. Dans un premier temps, explique Lucien Ntamag, il faudrait former le capital humain aussi bien du côté des Pme que du côté des Institutions financières sur la problématique spécifique du financement des Pme et de ses enjeux. « La notion de financement ou de crédit est basée sur la confiance. Cette dernière est le ciment essentiel de tout le système financier international qui prévaut dans le capitalisme contemporain. La confiance de la banque repose sur le fait que les informations fournies par l’entreprise lors de la procédure d’emprunt sont des informations fiables. Il en est de même pour l’Etat, dans la procédure d’attribution des marchés publics dans le cadre du Budget d’investissement public. La garantie et la fiabilité des informations financières ne peuvent être assurées que par l’expertise fiscale et comptable, d’où la nécessité pour les chefs d’entreprises de cultiver de bonnes pratiques en matière de transparence comptable et fiscale », élabore-t-il.
Toujours dans le chapitre de la formation, il est urgent, dans un second temps, de sensibiliser tous les autres acteurs de la vie économique au rôle déterminant qu’ils ont à jouer pour accompagner le développement des financements en faveur des Pme, notamment les acteurs de la classe politique, de la société civile, des milieux économiques, les partenaires au développement, etc. Pour ce qui est de la mutualisation des risques des Pme, enfin, « le nombre très important de celles-ci [plus de 90 000, Ndlr] et les contraintes liées à la faiblesse des garanties, nécessitent que les Pme soient regroupées en secteurs, branches ou filières d’activités pour mieux encadrer le risque qu’elles représentent et mieux cibler les chaines de valeur », soutient le Dg d’E.cam, qui poursuit en indiquant que cette expertise constitue d’ailleurs l’une des activités phares de la toute nouvelle cellule opérationnelle d’intelligence économique d’E.cam.

Effort de guerre, efforts pluriels
Epris de paix, les Camerounais de toutes les classes ont, depuis l’appel lancé par les ministres du Commerce et de la Défense, fait un geste en guise d’effort de guerre en faveur des soldats engagés au front contre à l’Extrême-nord, et des populations civiles de cette partie du pays. L’organisation patronale Entreprises du Cameroun (E.cam), elle, opte pour le renforcement des capacités des Petites et moyennes entreprises (Pme), afin de booster l’exécution physico-financière du Budget d’investissement public (Bip) dans la partie septentrionale du pays, et singulièrement dans la région de l’Extrême-nord, théâtre de la guerre contre la secte terroriste Boko Haram.
Si le plus grand souhait de tous aujourd’hui est que notre armée vienne à bout du phénomène Boko Haram dans notre pays, il n’en demeure pas moins qu’au-delà de cette crise – qui aurait pu subvenir dans une autre partie de notre territoire -, il y a surtout la problématique du sous-développement de la région de l’Extrême-Nord, qu’il est plus que jamais urgent de juguler, à défaut de la résoudre. S’il faut convenir que la pauvreté, la sous-scolarisation, et plus globalement le sous-développement, ne sont pas l’apanage cette seule région, on doit surtout reconnaître que ces problèmes s’y posent avec plus d’acuité.
Et que c’est surtout sur cette vague-là que surfent les terroristes de Boko Haram pour étendre, telle une pieuvre, ses tentacules dans la région. En proie à une pauvreté ambiante, elle-même aggravée par une sous-scolarisation pour inquiétante, la jeunesse de l’Extrême-nord constitue du pain béni les islamistes, qui recrutent à tour de bras dans les localités de Kolofata, Tokomberé, Mora, Kousseri, Goulfey, Makary, Waza, Zina, Blangoua, Fotokol, etc., contre forte rémunération. Le gouvernement a annoncé récemment un plan d’urgence spécial pour cette partie du territoire. Il s’agit-là d’une chance pour les populations de l’Extrême-Nord, et singulièrement pour sa jeunesse. Sauf que cette annonce doit être suivie d’effets, dans un contexte camerounais où il parait souvent très facile de lancer des projets, pour n’en rester que là.

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