Cameroun: Lutte acharnée contre la stigmatisation du Vih en entreprise

Avec un taux de 6,4% à 11%, le milieu du travail a une prévalence supérieure à celle de l’ensemble du pays. Jérôme Atanga est atteint de Vih depuis 2010.
«Au début, j’avais peur d’être mal vu par mes collègues. Mais grâce à l’ensemble des précautions qui entourent l’anonymat des tests de dépistage, je peux me mouvoir sans difficultés au sein de l’entreprise», confie-t-il, le sourire en coin. La stigmatisation, le patient Jérôme Atanga dit ne pas en souffrir. Une évolution du comportement en milieu professionnel totalement différente de celle des années 90. A cette époque-là, les personnes vivant avec le sida étaient systématiquement chassées par leur employeur. A en croire le directeur des ressources humaines à la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), Thierry Owona, les choses ont tellement évolué au point où même l’employeur ignore le statut sérologique de ses employés. En passant du statut de principal bourreau à celui de pair éducateur, l’employeur accepte désormais le statut de son employé, apprend-on. Le patron veille alors à la non- stigmatisation des employés vivant avec le Vih au sein de son entreprise. En plus de cela, il met un accent sur la sensibilisation. En effet, «la prévalence en entreprise est plus élevée que celle sur l’ensemble du territoire national. Elle est estimée à 4,3% en 2011, selon l’enquête démographique de santé», se désole-t-il. Dans certaines grandes zones situées dans la région de l’Est, les résultats des campagnes de dépistages réalisées entre 2012 et 2014 indiquent que le taux de séropositivité des travailleurs varie de 6,4% à 11%. Et dans les régions du Sud-Ouest et du Centre, avec la présence des agro-industries, il oscille autour de 7%. «Des statistiques qui donnent à réfléchir», s’inquiète Mérimé Tchakouté, coordonnateur du projet prévention du Vih chez les autres personnes vulnérables. Pour Michèle Roucher, présidente du groupement de la filière bois au Cameroun (Gfbc), le rendement repose sur la santé des patients. Par conséquent, «il faut rectifier le tir en accentuant la sensibilisation pour stopper la pandémie et éviter la stigmatisation», a-t-elle soutenu lors de la première session du comité de pilotage de suivi du projet «prévention du Vih chez les autres personnes vulnérables» qui s’est tenue le 13 avril dernier à Yaoundé.

Paulette Ndong

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