Cameroun: Quand les taximen-moto inquiètent :: Cameroon

On estimerait à un peu plus de trente mille le nombre de moto- taximen actifs sur le territoire national.
Dans certains cercles sélects de la métropole politique, le réquisitoire contre cette nouvelle profession du secteur informel qui fédère un peu plus de 75% de la population jeune, est sans équivoque. Née de la précarité de la vie et qui a connu son expansion il y a une quinzaine d’années à la faveur de l’amélioration des indicateurs économiques, elle semble aujourd’hui générer quelques appréhensions de la part de certains observateurs de la vie publique nationale.
Elle doit être placée sous surveillance. De fait, selon certaines sources introduites, des suggestions fortes bien à propos auraient été faites au Délégué général à la Sûreté nationale, le Commissaire divisionnaire martin mbarga Nguélé, 80 ans, d’infiltrer par ses éléments, les corporations des taximen-motos. Le but poursuivi aurait été celui de prévenir de nombreux impondérables qui pourraient sourdre de ce nouveau corps de métier qui prend de plus en plus de considérables proportions, au sein duquel des contestations sociales et politiques les plus virulentes peuvent partir et dont les services de renseignement ne disposent pas de fichier sur ces conducteurs des « deux roues ». On a pu observer la démonstration impressionnante de capacité de mobilisation, témoignage de leur reconnaissance au chef de l’état il y a quelques mois à la faveur du discours de Paul biya à la jeunesse le 10 février dernier lors de la fête de la Jeunesse. Le contraire pouvant se produire du fait de ce solide esprit de corps, ils gagneraient à être surveillés. Des indiscrétions rapportent qu’il y a quelques années, cette disposition avait été mise en place avec succès par Jean Fochivé, commissaire de Police, ancien directeur du Centre national d’enquêtes et de Recherches (Cener), et ancien Secrétaire d’état à la Sécurité intérieure (Sesi). L’homme au charisme avéré qui avait dirigé la Police nationale avec une main de fer avait alors infiltré la corporation des véhicules de transport urbain au sein de laquelle de nombreux policiers faisaient office de taximen. Ainsi, la Police n’était jamais à court d’informations et de renseignements. De nombreux coups, prévenus, avaient de cette sorte pu être éventrés, des malfrats mis hors d’état de nuire ou aux arrêts. Aujourd’hui avec la recrudescence des ventes des motos dont le commerce est très florissant, la crainte pourrait provenir des utilisateurs à but lucratif de ces engins à la manipulation aisée et qui vont jusque dans des endroits reculés, insalubres, voire quasiment inaccessibles. Ces moto-taximen exercent pour certains, dans la clandestinité, dépourvus de pièces personnelles d’identité ou des documents afférents à leurs véhicules non immatriculés. le désintérêt de martin mbarga Nguélé, vieux briscard de la sécurité Inspecteur de Police à 19 ans, pour la prise en main des mesures pour parer à de néfastes éventualités qui peuvent provenir de ce corps de transporteurs semble être dicté par les moyens logistiques dont dispose la Police, et surtout par sa puissance de feu. Aussi, ces sources avancent qu’ayant raboté ces appréhensions, le patron de la Police aurait argué de ce qu’aucun taximan moto ne pouvait braver le staccato d’un pistolet mitrailleur. Pourquoi en viendrait-on à tuer ces jeunes plutôt au mieux que de prévenir des actes inconsidérés susceptibles d’être perpétrés par eux ? S’interroge-t-on dans ces cercles. Dans ce chapitre, les raisons politiques imbriquent les considérations sociales. Les populations de Yaoundé ont encore en mémoire les tristes souvenirs des macabres événements de « Don Bosco » à Mimboman. Les acteurs de ces atrocités perpétrées sur de jeunes filles étaient des taximen motos, et leurs commanditaires, des hommes d’affaires véreux qui tiraient leurs revenus de crimes de sang aux relents de sacrifices humains ou d’anthropophagie. Au- delà des prélèvements d’organes à but commercial, ou des sacrifices humains pour attirer les faveurs d’une divinité ou des gourous des réseaux obscurs et sataniques, il semble que ces crimes étaient également mus par la pratique de l’anthropophagie (consommation de la chair humaine) ou d’hémophagie (consommation du sang humain) afin d’accroitre les pouvoirs de ses consommateurs.

Source: Le Courrier

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