Cameroun – Droits de l’Homme au Cameroun: Un autre livre qui dérange le Gouvernement :: Cameroon

Alors que tous les membres du gouvernement invités à la dédicace de l’ouvrage intitulé « l’état des droits humains en Afrique centrale : situation des défenseurs et les perspectives du XXIe siècle», ont boudé la cérémonie, la préfacière dudit ouvrage s’est vu refuser son voyage pour Yaoundé, sur très hautes instructions des autorités camerounaises.[pagebreak] Le Redhac crie au complot.
Un autre livre qui dérange ? Assurément, car pour Maximilienne Ngo Mbe, la question ne devrait même plus se poser. Ce d’autant plus que la succession des faits relatifs à cette affaire lui donne entièrement raison. D’abord ces ministres de la République qui ont répondu aux abonnés absents lors de la cérémonie de dédicace qui a eu lieu hier mardi 25 février 2014 dans un hôtel de Yaoundé. La directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) en veut pour preuve, ces quatre sièges vides qui ont été réservés aux ministres des Relations extérieures, de la Justice et celui de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), tous dûment invités par la concernée depuis le 1er février dernier. «S’ils ne pouvaient pas honorer de leur présence, ils auraient au moins du se faire représenter par leurs collaborateurs», argue la jeune femme qui en arrive à la conclusion selon laquelle ces membres du gouvernement ont choisi de bouder la cérémonie.

Procédure
Autre preuve et non des moindres, les mésaventures de Reine Alipini Ngansou, ancienne présidente de la Commission africaine des droits de l’homme, aujourd’hui Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme en Afrique. Préfacière de l’opuscule intitulé «l’état des droits humains en Afrique centrale: situation des défenseurs et les perspectives du XXIe siècle», cette dernière qui s’apprêtait à rallier Yaoundé, a vu son voyage bloqué, au motif qu’elle n’a pas de visa. Or avec son statut de diplomate, partir du Mali où elle séjourne pour le Cameroun ne nécessite aucune procédure supplémentaire car détentrice d’un passeport diplomatique. «Elle a même décidé de payer tous les frais qu’on lui a exigé à l’aéroport de Bamako mais à la dernière minute et après insistance, ils lui ont répondu qu’ils n’appliquaient que les hautes instructions des autorités camerounaises. Pour la narguer, on lui a dit de prendre le vol de 16h alors qu’il n y a aucun vol pour Douala à cette heure là», confie la voix rauque Maximilienne Ngo Mbe.

Que dire alors de l’absence de madame Assuabo, Commissaire du Redhac qui réside à Buea? Celle-ci a curieusement renoncé à son voyage à la veille de l’événement «alors qu’elle aurait pu faire un aller et retour sans problème». Cette absence, croit savoir Ngo Mbe, est la conséquence de la pression exercée par certains dirigeants sur la concernée. Ils lui auraient même intimé l’ordre de trouver un alibi pour justifier son désistement. Divine Chemuta Banda a beau relativiser la situation en tentant de prendre fait et cause pour le gouvernement qu’il juge ouvert, mais rien n’est fait. Tous les efforts du président de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndlh) pour convaincre l’assistance, sont restés vains. Mais que peut bien cacher cet ouvrage qui fait autant d’émules ? A en croire, l’auteure, l’opuscule de 185 pages en question, poursuit trois objectifs : faire un état des lieux non exhaustif des droits de l’homme pays par pays en Afrique centrale; promouvoir le travail des défenseurs des droits de l’homme sur le terrain, ressortir la méconnaissance des mécanismes régionaux et onusiens de protection des défenseurs et envisager leur promotion et leur vulgarisation en vue d’une protection efficace des défenseurs.

Arrestations arbitraires
Fruit de quatre années de recherches, de documentation et de voyages, «le bébé» de Ngo Mbe est aussi une compilation d’interviews desdits défenseurs ainsi que des tableaux sur les textes ratifiés des différents pays de la sous-région. Nul doute que la partie consacrée au Cameroun est un véritable brûlot. Surtout quand on sait que la situation est des plus préoccupantes. Car au nombre des atteintes aux droits humains figurent des meurtres et d’autres exactions commises par les forces de sécurité, des conditions carcérales extrêmement pénibles et mettant en danger la vie des personnes détenues, ainsi que des arrestations et détentions arbitraires de citoyens, y compris des militants et des observateurs locaux des droits humains. Il faut également mentionner les cas de détention préventive prolongée, parfois avec mise au secret, et d’atteinte à la vie privée des citoyens. A suivre.

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