Cameroun – Bouba simala: Honneurs sans fidélité

Bouba Simala

Il est considéré comme un pur produit de M. Cavaye Yeguié. On le dit perdu par sa trop grande soif de pouvoir.
Le capitaine de gendarmerie, M. Bouba Simala, désormais qualifié d’ancien garde du corps du Président de l’Assemblée nationale, M. Cavaye Yeguié Djibril, puis que limogé de ses fonctions de manière spectaculaire, le 15 juin 2015 pour «terrorisme, de tentative d’enlèvement et de braquage sur l’homme qu’il était censé protéger». Pour des proches du président de l’Assemblée nationale, c’est une fin tragique d’une histoire entre deux hommes.
Certains parlent d’ailleurs d’un «homme et son ombre». Proches parents, leur cheminement n’a d’égal que fulgurante ascension du pandore aujourd’hui officier des armées.
Agé de 45 ans, M. Bouba Simala est au service du président de l’Assemblée nationale depuis 1995. Trois années seulement donc après son accession au perchoir de la Chambre qu’il dirige depuis 23 ans. Entre temps, le simple gendarme de l’époque est devenu, avec les évolutions des réalités et des champs lexicaux, l’aide de camp. Avant l’arrêté mettant fin à son parcours aux côtés du PAN, il occupait les fonctions de chargé d’études au cabinet du Président de l’Assemblée nationale. Mais sa proximité avec le maître des lieux le met bien au-dessus de ce poste. Véritable chef du cabinet du PAN, «il faisait et défaisait les carrières à l’Assemblée nationale», commente un habitué des couloirs de l’Assemblée.
A côté de la proximité géographique des hommes et de leur lieu de travail, celle de son bureau jouxtant celui du président Cavaye, lui donnait de nommer à des postes des fonctionnaires… Le capitaine avait le monde à ses pieds. Il était dieu et dieu était avec lui. Quasiment tout le monde dans la Chambre le sollicitait pour son entregent. Surtout qu’il avait l’oreille du président. Et c’est probablement pourquoi certains lui trouvent une ambition débordante. «Bouba Simala était le véritable président de l’Assemblée nationale, et Cavaye son aide de camp. Rien ne lui échappait et il valait mieux être dans ses faveurs que dans ceux de Cavaye. 237online.com ) Avec le Président de l’Assemblée, ils ont eu des rapports que nous avions toujours eu du mal à cerner. Au point de conclure que leurs rapports relevaient d’une autre dimension», confie un proche du président de l’Assemblée nationale.

INCONNU AU BATAILLON
En 2014, commence le déclin. La position de M. Bouba Simala se fragilise par la nomination de M. Boukar Abdourahim. Au mois de décembre, le nouveau venu occupe le poste de Directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale. Surtout que M.Boukar Abdourahim n’est pas un inconnu au bataillon. Ancien chef du secrétariat particulier du président de l’Assemblée nationale, il est un temps, devenu son conseiller spécial. Proche parent de M. Cavaye, le nouveau Directeur du cabinet est chargé de reprendre peu à peu les espaces et pouvoirs encerclés par l’aide de camp. L’objectif dernier étant de récupérer les «pouvoirs spéciaux» accaparés par le capitaine. Le 06 avril 2015, M. Cavaye Yeguié Djibril signe une circulaire révolutionnaire qui ébranle les dernières positions de son aide de camp. Il instruit à tous ses collaborateurs que désormais, tout document financier comportant sa signature doit être revêtu du visa du Directeur du cabinet pour faire valoir ce que de droit.
Ce document, aussi anodin qu’il puisse paraître, est lourd de signification. Il vise en premier Bouba Simala, dont beaucoup disent qu’il prenait un malin plaisir à faire des engagements financiers au nom du président comme si cela ne suffisait pas, au début du mois de ce mois de juin 2015, le capitaine initie une mission dans quelques pays africains. Malheureusement, le dossier déjà dans le circuit est intercepté. Fragilisé, M. Bouba Simala voit également son pouvoir lui échapper dans son domaine de prédilection. Sa mission première vis-à-vis du président. Plus consulter, ni solliciter, il est tenu à l’écart.
C’est ainsi que le 13 juin, le Président de l’Assemblée nationale se rend au sport du week-end, sans désormais l’en informer. Le capitaine de gendarmerie vit mal sa disgrâce. Dans un sursaut d’orgueil, il tente de reprendre la main. Un baroud d’honneur qui aboutit à son limogeage. Et la suite est connue.
Au terme d’un entretien entre le président de l’Assemblée nationale et le ministre délégué à la Défense, M. Edgar Alain Mebé Ngo’o le 15 juin 2015, une instruction a été initiée contre le capitaine.

Arthur L. Mbyé

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