Cameroun – Eau potable: Paul Biya demande à la CDE de plier bagage

Une correspondance du 28 mars 2016 attribuée au SG/PR demande la non-reconduction du contrat d’affermage de l’entreprise marocaine et son remplacement y compris par une entreprise publique.
C’est une correspondance qui donne du fil à retordre. 237online.com Portant la date du 28 mars 2016, elle est frappée du sceau rond du secrétaire général de la présidence de la République et de son cachet nominatif, dans les caractères, la couleur et les espacements communs aux documents émis par le cabinet de Ferdinand Ngoh Ngoh. L’architecture de la correspondance rappelle la tradition administrative de la maison dans la hiérarchisation et la présentation. Enfin la lettre porte un code d’enregistrement, le n° B631/SG/PR. Mais cette correspondance ne comporte pas la signature de Ferdinand Ngoh Ngoh. Ce qui rend ce courrier si important et sensible, c’est son contenu et les perspectives qu’il ouvre dans le secteur de l’eau potable au Cameroun. En effet, d’après les termes de cette missive, le SG/PR demande au SG/PM d’informer le Premier ministre des instructions présidentielles qui se résument en cinq points. D’abord, « proposer dans un délai d’un mois un mécanisme de gestion de l’eau potable en explorant toutes les possibilités, y compris le recours à une entité publique. » Puis, « instruire le ministre de l’Eau et de l’énergie de ne pas renouveler le bail de la Camerounaise des Eaux (CDE) ». Ensuite, « faire tenir à la présidence de la République le rapport de l’audit et des engagements du secteur de l’hydraulique urbaine et périurbaine assorti de propositions. 237online.com » Et encore : « demander au ministre des Finances de faire connaître les mesures prises pour que le paiement de la redevance due par la Camerounaise des Eaux soit conforme au contrat. » Enfin, « veiller à ce que les factures d’eau reflètent la réalité des consommations des administrations ». L’instruction numéro deux de cette correspondance est un pavé dans la mare, puisqu’elle annonce le départ prochain de la Camerounaise des Eaux, filiale de l’Office national de l’eau potable du Maroc (Onep), bénéficiaire d’un contrat d’affermage de dix ans. Difficile de fixer le délai exact de fin de la concession, entre le 28 septembre 2007, date de la désignation de l’Onep comme adjudicataire provisoire de la défunte SNEC, décembre 2007, date de création de l’entreprise de gestion CDE ou alors le 2 mai 2008, jour de démarrage de ses activités. Quoi qu’il en soit, la correspondance attribuée au SG/PR ne donne pas plus de deux ans de vie à la CDE et ouvre la porte à son remplacement par une autre entité, y compris une entreprise publique. La lettre ayant également demandé la mise en œuvre « de toutes les mesures transitoires à cet effet », il n’est pas exclu que la Camwater hérite pendant un certain temps les missions d’exploitation de la production et de la distribution de l’eau potable au Cameroun. Pour le moment, la CDE ne réagit pas à la correspondance attribuée au SG/PR. « Je ne peux vous donner une réponse maintenant », dit une responsable de l’entreprise. On ne saura donc pas si la CDE est au courant de la correspondance en circulation. Le directeur général, Brahim Ramdane, est annoncé hors du Cameroun et ne sera de retour qu’en fin de semaine. Au ministère de l’Energie et de l’eau, on n’a pu tirer aucun commentaire au sujet de la lettre attribuée au SGPR. « Le sujet est stratégique, aucun responsable ne peut s’exprimer ni pour dire démentir ni pour confirmer sans l’autorisation du chef de département », a indiqué notre contact. 237online.com Cette réserve des parties prenantes du secteur de l’eau potable montre au moins la délicatesse des questions soulevées, mais prolongent la période insidieuse de doute pendant laquelle la fameuse correspondance continue à se répandre sur les réseaux sociaux. En attendant que les officiels y apportent une clarification. Peut-être sera-t-il trop tard pour corriger toutes les insinuations que certains internautes développent déjà sur l’actionnariat de la CDE.

Parfait N. Siki

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