Cameroun: Des détournements dans les logements sociaux

Logement sociaux

Plus de 03 mois déjà que le président de la République lançait le Plan d’Urgence. Depuis lors, au-delà des débats à caractère politique et académique sur l’opportunité d’une telle démarche que d’aucuns trouvent asymétrique au regard du dispositif institutionnel classique, tractations, réunions secrètes, arrangements, positionnements, compromissions de toutes natures et amateurisme meublent la préparation de celui-ci avec la complicité manifestement naïve de son comité de pilotage peu outillé, chapoté par le Premier ministre.
Mal-gouvernance quand tu nous tiens !!! (…) Au regard du volet logements sociaux prévu dans le Plan d’Urgence, pour un montant de 50 milliards de francs Cfa alloué pour la construction de 1000 logements sociaux dans les 10 régions du Cameroun, à raison de 100 logements par région, un simple constat de profane est établi : un logement construit à 50 millions F Cfa serait-il vraiment encore un logement social, compte tenu du niveau de revenu de la population-cible ? (le Plan d’Urgence est financé par un emprunt de l’Etat du Cameroun auprès des institutions financières locales à des taux d’intérêts élevés).
Il est important de rappeler qu’un « logement social », par définition, est un produit marchand qui reçoit un ensemble de facilitations et d’encadrements de l’Etat central ou des Collectivités Territoriales Décentralisés (Ctd) (mise à disposition des terrains, facilitations fiscales et administratives etc) lui permettant d’être moins disant à la production, investi du caractère social à l’attribution pour lequel les conditions d’éligibilité doivent tenir compte de la cible bénéficiaire préalablement identifiée.
Après l’échec de l’implémentation du programme gouvernemental de 10 mille logements et d’aménagement de 50 mille parcelles conçu par mes soins et soumis à l’appréciation du président de la République, qui le 29 décembre 2010 en a fait un Programme gouvernemental, le 10 décembre 2010 à travers une convention de prêt, le Crédit Foncier (Cfc) mettait à la disposition du maître d’ouvrage (Minduh) 25 milliards de francs Cfa via la Caisse Autonome d’Amortissement (Caa) pour la réalisation du projet pilote de 1676 logements à Douala et à Yaoundé. Cinq années après, les 25 milliards ont été totalement consommés, mais malheureusement sur le terrain il n’existe qu’à peine 500 logements plus ou moins achevés et inexploitables du fait de l’absence d’équipements et infrastructures d’accompagnement (eau, électricité et voies d’accès). Il est important de rappeler que les 44 entreprises retenues pour la réalisation de ces logements ont bénéficié d’une défiscalisation pour les approvisionnements en matériaux de construction et que les sites aménagés ont été mis à disposition par l’Etat du Cameroun. Les 500 logements exisants représentent une valeur d’expertise technique d’à peine 5 milliards de francs Cfa. Il ressort de ce qui précède une distraction de fonds de plus de 20 milliards de francs Cfa au regard des sommes décaissées à ce jour. A l’heure où on parle de la protection de la fortune publique il est question que les responsabilités soient établies et que la justice soit rendue.
A la suite de ce qui précède, on aurait pu attendre du Gouvernement en place un projet plus ambitieux et moins coûteux dans le cadre d’un Plan d’Urgence qui tienne compte du contexte socioculturel du Cameroun et qui mette un accent particulier sur une architecture adaptée à l’environnement et construit en matériaux produits localement, avec les matières premières existant dans l’environnement de production (…)
Les différentes situations présentées plus haut dans les domaines concernés représentent une partie importante des problèmes de sous-développement qui se caractérisent par le désordre urbain (développement de l’habitat spontané, occupation anarchique de l’espace public ou réservé, insalubrité, insécurité et incivisme).
Sous ce rapport, les Collectivités Territoriales Décentralisées (Ctd) sont vivement interpellées au premier chef pour que ces démembrements de l’Etat puissent s’inscrire aux côtés des solutions pérennes à apporter dans la dynamique de la décentralisation pour un Cameroun émergent en 2035, tel que le souhaite le Président de la République.

Gabin Babagnak

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