D’après les statistiques du ministère de la Santé publique, deux millions de camerounais sont drépanocytaires, et 25 à 30% de la population camerounaise est susceptible de transmettre la maladie. 50 à 75% d’enfants drépanocytaires meurent avant l’âge de 5 ans à défaut d’un dépistage précoce et d’une prise en charge correcte.
Cinq ans seulement et déjà sauvé trois fois par des transfusions sanguines. Junior Epapé est à nouveau ce mercredi matin 17 juin 2020 au service d’hémophilie de l’Hôpital central de Yaoundé (Hcy). Amaigri, le visage pâle, il tient à peine sur ses deux jambes. « Il ne se porte pas bien depuis quelques jours. S’il est déjà encore anémié qu’on me le fasse savoir pour que je recommence à chercher de l’argent et les donneurs de sang », explique clémentine Mbozo’o, sa mère. La prise en charge d’un enfant drépanocytaire, elle la connaît pratiquement par cœur. Avec quatre enfants, deux malades, c’est un jour sur quatre qu’elle est à l’hôpital. « Je ne dors pratiquement par la nuit. Dès que je ressens que la respiration de mon fils change, je me réveille. C’est le signe d’un problème », précise-t-elle. S’il y a des jours où elle parvient à baisser la température de l’enfant avec des antalgiques, parfois il faut rappliquer à l’hôpital, même à une heure du matin.
« En fin d’année dernière, il était à 40% de température et ses articulations ont enflé. Les comprimés que j’avais donnés n’ont rien fait. C’est au terme d’une transfusion sanguine à l’hôpital vers 03 heures du matin, qu’il avait retrouvé la tranquillité. J’ai l’impression que c’est la même chose que je m’apprête à revivre », déplore-t-elle avec tristesse. Et dans cette situation, elle n’est pas la seule. Au –delà des allées et venues à l’hôpital, le suivi à domicile d’un enfant drépanocytaire n’est pas également de tout repos. « Je contrôle les yeux, la couleur des urines chaque jour. Si la couleur est très foncée, mes enfants doivent boire beaucoup d’eau tout en prenant leurs médicaments. Et je m’assure qu’ils mangent aussi des fruits et légumes », raconte Aurélie Manga, une autre mère d’enfants drépanocytaires. Si elles ont à présent accepté la maladie, les débuts n’ont pas été faciles. « Quand j’ai su que mes enfants étaient drépanocytaires, j’étais démoralisée. Nos familles voulaient même qu’on se sépare mais mon conjoint a refusé. Comme couple AS-AS, on a choisi de se supporter », ajoute-elle.
Maladie génétique et héréditaire
D’après le Dr. Françoise Ngo Sack, chef de service d’hématologie à l’Hôpital central de Yaoundé (Hcy), la drépanocytose est une maladie génétique, héréditaire, caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges. La drépanocytose également appelée anémie falciforme ou hémoglobine S, est une maladie génétique (héréditaire) résultant d’une mutation de l’hémoglobine. C’est donc une maladie du sang, les globules rouges sont déformés et ont du mal à circuler dans les vaisseaux. Les symptômes apparaissent le plus souvent dès l’âge de 5 ou 6 mois. Elle peut entraîner de graves conséquences : des crises extrêmement douloureuses pouvant affecter les pieds, les mains, le thorax, l’abdomen, une anémie et un risque accru d’infection. La 12ème édition de la journée mondiale de la lutte contre la drépanocytose, s’est célébrée le vendredi 19 juin 2020, sur le thème : « Drépanocytose syndrome thoracique aigu, prévention en temps de covid-19 ».