Cameroun: Edgard Alain Mebe Ngo’o très en colère sort de ses gongs à Kondengui

Les choses ont changé pour M. Alain Edgard Mebe Ngo’o dans la prison centrale de Yaoundé – Kondengui, moins d’une semaine après la prise de fonction du nouveau régisseur.

L’ancien ministre de la Défense, qui y séjourne dans le cadre d’une détention provisoire, a été surpris de voir refouler un de ses fils aux portes du pénitencier. La scène s’est déroulée samedi, 13 juillet dernier. La raison ? Le concerné n’était pas détenteur d’un « permis de communiquer », document délivré par le parquet pour autoriser des visites au profit des pensionnaires en attente de jugement. Une décision qui a sorti l’ancien ministre de ses gongs, lui qui n’avait jamais connu pareil affront depuis sa mise en détention. Selon les témoignages reçus de la prison, M. Mebe Ngo’o a rappelé qui il était à qui voulait l’entendre dans ce que certains présentent comme des menaces à peine voilées à l’encontre des nouveaux responsables de la prison.

C’est incident ne doit rien au hasard, disent des sources dignes de foi à l’intérieur de la prison. Sous Armand Fredy Medjo, le régisseur remplacé par un arrêté du 26 juin 2019, l’ancien Mindef « recevait un service familial ». Il pouvait recevoir dans son quartier la visite de son épouse, elle aussi incarcérée dans le pénitencier. Les siens lui rendaient visite à volonté. Ce sont des « tolérances » auxquelles le nouveau régisseur, M. Hamadou Madi, a décidé de mettre un terme. Entré effectivement en fonction en début de semaine, le nouveau patron et ses collaborateurs, presque tous nouvellement installés, veulent marquer leur territoire. Du coup, M. Mebe Ngo’o goutte plus que jamais aux vrais réalités de la prison. Sa réaction explosive aurait fait sourire certains de ses anciens collègues du gouvernement, déjà habitués aux rigueurs du milieu carcéral.

M. Mebe Ngo’o n’est pas seul. Les informateurs de Kalara signalent que l’ancien ministre de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangana Kouna, a lui aussi connu une petite « humiliation ». Il avait commis l’imprudence de passer ouvertement quelques coups de fils dans la cour d’honneur de la prison. Un geste que le responsable de la discipline a sanctionné, en arrachant le téléphone des mains du prévenu. La réaction du régisseur et de ses collaborateurs à l’égard de ces « prisonniers de luxe » est interprétée à l’intérieur du pénitencier comme la traduction dans les faits des instructions reçues pour remettre de l’ordre dans la prison, le départ de M. Armand Fredy Medjo étant apparemment lié à ce que certains considèrent comme le laisser-aller en cours dans cette prison.

Mais, parlant de restauration de la discipline (une bien grande expression), les choses ne s’annoncent pas très faciles pour le nouveau régisseur. Avec la présence de nombreux détenus politiques (la forte colonie des personnes arrêtées dans le cadre du conflit du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a été rejointe par les militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun – MRC), notamment dans certains quartiers populeux de la prison, les pensionnaires sont de plus en plus au fait de leurs droits. Et, d’après les sources de Kalara, ces derniers ont pris désormais l’habitude de questionner la légalité du moindre ordre qu’ils reçoivent de la part de leurs geôliers, lorsqu’ils ne s’y opposent pas. La graine semée par les politiciens qui n’ont que cela à faire à longueur de journée grandit très vite, au point où certains redoutent que la prison devienne bientôt ingouvernable. Un drôle de contraste : pendant que les « petits » prisonniers renforcent leurs droits, les « grands » rongent leur frein. Et ce n’est pas facile pour des anciens ministres…

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