Cameroun – Accidents de la circulation: Des secouristes dépouillent les victimes

Un accident sur l'axe Yaoundé Bafoussam

Les riverains sauvent parfois des vies, mais certains accourent pour dépouiller les victimes. Les hommes en tenue invitent à plus de vigilance.
« Couchez-vous. Ne bougez plus Madame. Donnez-nous votre sac à main. Ne vous en faites pas, on le garde tout à côté. Si vous restez calme, votre pronostic vital ne sera pas en danger ». A l’écoute de ces instructions, Charlotte M. pensait avoir trouvé de « bons Samaritains », après l’accident dont elle a été victime sur l’axe Yaoundé-Douala. Faux. Allongée, c’est le conducteur, une fois sorti du véhicule qui attire son attention. « Que fais-tu couchée-là. Voici ton sac qui disparaît là-bas », déclare-t-il voyant, le porte-tout aux mains d’un individu très pressé. La chasse à l’homme est infructueuse. Le voleur court comme un lièvre. Il démontre qu’il est dans son territoire et disparaît sans laisser de traces. Lorsque que la dame et les curieux rebroussent chemin, celui qui avait demandé à garder le sac est aussi introuvable. Catastrophe. « Ils m’ont tuée. Je n’ai même rien eu dans l’accident mais ces faux secouristes ont ruiné ma vie.
J’avais tout dans ce sac. Mes papiers, mon argent, mon téléphone, tout est parti. se lamente-t-elle. »
Elle n’est pas la seule. A Yaoundé au quartier Mvog-Ada, la semaine dernière, Carine E. subit le même sort, dans un taxi percuté de plein fouet par un clando. Après la collision, les riverains accourent en grand nombre. Même stratégie. « Restez allongée en attendant les sapeurs-pompiers. Ne vous agitez pas, tant qu’on ne sait pas ce vous avez eu dans cet accident », assure un jeune homme, visiblement très soucieux du bien-être des rescapés. Mais lorsque la dame veut informer sa famille, son sac à main est introuvable. « Qui a pris votre sac ? Vous devez être traumatisée par l’accident. Allongez-vous Madame », martèle l’un des secouristes. « Jamais ! Quelle femme marche sans sac à main et sans téléphone ? Je veux mon téléphone ! », insiste-t-elle. Le véhicule est vide.
« Où est passé son sac ? », entend-on dans la foule. Malgré ses lamentations et ses cris, rien n’y fait. Autre cas, c’est celui de la famille Akono. De retour de Paris, elle n’y a pas échappé après s’être retrouvée dans une rigole pour éviter un face à face avec un chauffard. « Pendant que certains nous demandaient de nous allonger après nous avoir aidés à sortir de la voiture, d’autres entraient dans les buissons avec nos bagages. Nous l’avons réalisé après que la plupart de nos biens ont disparu », asure un des fils.
Des cas de vols similaires sont désormais récurrents à chaque accident de la circulation. Informées de cette situation, les forces de l’ordre invitent les usagers à ne pas s’abandonner aux mains des inconnus. Certains peuvent sauver des vies, mais il y en a qui viennent pour dépouiller les victimes. Les hommes en tenue disent qu’en cas d’accident, lorsqu’on a la chance d’être en vie et d’avoir tous ses sens, il faut garder sa mallette ou son sac en main avec soi. On ne sait jamais.

Elise ZIEMINE

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