Burkina Fasso: Ce que je crois de la crise

Burkina

La situation actuelle et les faits tels qu’ils se déroulent en ce moment au Burkina Faso auraient pu être évités. La modification de la constitution du pays pour offrir un nouveau mandat à Blaise Compaoré, était connu et pourtant les puissances et instituions en faveur de la démocratie en Afrique, n’ont pu lever le petit doigt.[pagebreak]Comme le dit encore notre collègue Michel Lobe dans son éditorial de ce jour « le silence coupable de l’Occident est inquiétant. »
Dans des situations de cette ampleur je me demande toujours, et j’attends avec impatience l’action des organisations faitières régionales et/ou de promotions des droits et devoirs humains, de la démocratie etc. C’est dommage qu’il faille attendre qu’il y ait des dizaines de morts et des blesses par centaines pour que « l’Union Africaine se dise profondément préoccupée » ; que l’Onu envoie un émissaire ; que l’Union européenne appelle à la fin des violences, que l’Elysée invite toutes les parties à faire preuve de calme et de retenue. Puis que Barack Obama affirme être « très inquiet » par la situation du pays. Comble de tout et pour la première fois, que le Président Blaise Compaore qui est reste longtemps dans un silence incompréhensible réagisse et montre sa disponibilité. Il reste a savoir s’il aura le temps de ce dialogue.
à écouter. Et comme argument, il a déclaré hier dans une chaine de télévision privée-Canal 3 (les medias prives sont parfois plus utiles qu’ils ne sont traités) qu’ « Il y a des instants dans la vie des peuples et des nations où le silence est plus expressif que la prise de parole. »

Mais il aura bien fallu qu’il prenne la parole.
« En ce qui me concerne, je reste disponible à ouvrir avec vous des pourparlers pour une période transitoire  à l’issue de laquelle je transmettrai le pouvoir au président démocratiquement élu. En vue du rétablissement de ce dialogue, j’ai décidé de retirer le projet de loi contesté et de procéder à son annulation. Pour permettre à chacune des parties, l’opposition politique, la société civile et la majorité de renouer le fil du dialogue dans la sérénité, je décide ce qui suit : Le gouvernement est dissout. A compter de ce jeudi 30 octobre, je déclare annulé l’état de siège sur toute l’étendue du territoire national. » Mais pour quels effets ? Quelle sont les scenarios possibles pour une sortie de la crise ?

Ce qu’il faut déjà retenir, c’est que les medias joueront un rôle important dans la gestion de cette crise. On a souvent eu tendance à négliger la force des medias dans la résolution pacifique des conflits post ou pré-électoraux. Le traitement de l’information influencera la suite des évènements. Si non, on n’est pas à l’ abri de se retrouver en face d’un scenario totalement imprévu. scenario pouvant aboutir a une vancance du pouvoir. On a en effet vu des cas ou le peuple a tellement tonne fort qu’on s’est dit c’est la fin puis, plus rien. Rappelons-nous simplement qu’il n’y a pas d’amitié entre les Etats. Il est déjà clair que les négociations vont bon train ci et la. Tout sera fonction de ce que l’une et l’autre des parties mettra sur table. Cette époque est celle de grands regroupements géostratégiques. Ca compte… De toutes les manières le grand médiateur des conflits de la sous région le sais mieux que tous. Tout dépendra de ce que le Président Blaise proposera aux Etats-Unis, a l’UE d’une certaine mesure a l’Union Africaine (un appel des pairs n’est pas exclue et pourrait justifier la tenue d’un sommet d’urgence dans la capitale éthiopienne) à la France. La France qui se concertera a son tour avec les USA pour quelques accords d’échanges dans la région. Une autre astuce pourra consister à se trouver un interlocuteur qui acceptera de « jouer le jeu » au sein de l’opposition ou de l’armée qui est déjà divisée. C’est bien cette armée dont la tentative de rébellion a été systématiquement maitrisée par le Président Compaore. Il reste le « pouvoir du peuple ». Mais, comment organiser l’opinion du peuple quand le pays est à feu et à sang ? Solution : une transition pendant laquelle les voisins directs : Sénégal, Ghana, Cote d’Ivoire devraient pouvoir se souvenir du « coup de main » de jadis.

Mais le peuple n’est pas dupe…
Je me suis bien rappelé de la devise du Burkina Fasso : « La patrie ou la mort, nous vaincrons. » Peut être le peuple n’est aussi « amorphe et indolent » que certains l’ont pensé. Résolument il existe une différence entre la notion de paix et de calme. Les burkinabés étaient calmes, cela ne voulait pas dire que le pays étaient en paix. L’histoire est têtue, suivez mon regard. La situation invite le Président Blaise Compaore et plus encore ses proches à relire l’histoire des révolutions passées récentes ; de la Tunisie en Egypte en passant par la Lybie et tout près la Cote d’Ivoire. Comparaison n’est pas raison certes, et surtout, je n’affirme ici aucune similarité dans chacun des cas évoqués. Il est pour moi ici question de dire avec un confrère qu’on ne peut pas tromper le peuple tout le temps. Les Burkinabès ne sont pas dupes et malgré leur intégrité (le Burkina, pays des hommes intègres) n’oublieront pas qu’il était une fois, Thomas Sankara- les faits sont sacrés.

L’ultime question : serait-ce le début de la fin ? N’allez surtout pas croire que tout ce qui se passe en ce moment servira d’exemple aux autres pays de l’Afrique subsaharienne. L’enfer c’est toujours les autres jusqu’au jour où la massue vous tombe sur la tête. Au cas échéant, ces exemples permettront à ceux qui veulent défendre leur identité de président de la république de mieux définir des stratégies pour le jour où pareil se présentait. Pour nos leaders, le pouvoir politique est une identité. On la conserve à tous les prix y compris celui de sa propre vie. A bon entendeur…

Eddy Patrick DONKENG, 237online.com

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