Cameroun: Les séries camerounaises crèvent l’écran de la CRTV

La stratégie de programmation de la chaîne à capitaux publics du Cameroun délaisse les télénovelas au grand régal des téléspectateurs.
Depuis le début du mois d’août 2016, la série « Ntaphil » est de retour sur la CRTV de lundi à dimanche dès 20 heures. Une rediffusion a d’ailleurs lieu durant la même période dès 9h30 après la matinale de la chaîne créée en 1985. Une autre offre de production locale est consacrée par la diffusion de Moto Taxi, un sitcom, reflet de la vie dans la partie septentrionale du pays. Dans la grille de programme figurent aussi « Rumble », « Au cœur de l’amour » et chaque fois que l’occasion s’y prête l’on redécouvre un téléfilm camerounais sur la chaîne nationale. Cette nouvelle approche de programmation ne manque pas de retenir l’attention des téléspectateurs. « Je trouve que c’est une bonne chose. Ça nous manquait vraiment ces sitcoms camerounais. Je me souviens encore de « L’orphelin » qui a bercé mon enfance et qui nous a fait rêver » commente Johanna Thérèse, habitante à la Rue manguier, l’un des quartiers populeux de la ville de Yaoundé, la capitale politique du pays. Et de poursuivre, « aujourd’hui, je crois que Ntaphil qui est diffusé après un passage en 2005, nous rappelle un peu nos réalités. J’aime le scénario et je trouve que les personnages sont spontanés, les acteurs jouent bien, on n’a pas l’impression qu’ils récitent les textes comme c’est le cas dans plusieurs autres sitcoms du pays ». Une autre téléspectatrice pense que les thèmes abordés sont restés très actuels. Elle retrouve du plaisir à revoir un Salomon Tatmfo, plus connu sous le nom d’Essola dans la célèbre série « L’orphelin » des années 1990. Amina Christelle, résidente à Maroua assure que la série Ntaphil est regardée en famille. Pour elle, « la CRTV doit encourager la production culturelle par la diffusion des œuvres locales parce qu’elles contribuent à l’enrichissement culturel des Camerounais ». Originaire de la région de l’Extrême Nord, cette étudiante de l’université de Ngaoundéré, pense que Ntaphil est une immersion dans les habitudes des peuples de la forêt notamment les Bétis. Il s’agit donc d’une manière de promouvoir l’attachement aux valeurs africaines contrairement aux télénovelas qui véhiculent des valeurs immorales comme l’homos*e*xualité…

L’autoproduction en berne à la CRTV
D’autres téléspectateurs, trentenaires pour la plupart, très nostalgiques, veulent revoir les débuts de Joséphine Ndagnou, en tête d’affiche des téléfilms à succès « L’étoile de Noudi », « Le retraité », et « Japhet et Ginette » qui ont fait les beaux jours de la CRTV dans les années 1990 en pleine situation de monopole dans le secteur audiovisuel camerounais. 237online.com Fanny Nkolo attend plus de la CRTV. Il faut passer à une étape supérieure en montrant le Cameroun, l’Afrique en miniature qui bouge. Parce qu’en réalité depuis Ntaphil ou encore la série « Le revenant », la CRTV ne brille pas par une production abondante. Une léthargie qui a permis à des chaînes privées de prendre de l’avance dans le secteur de la diffusion des productions locales. Yolande Ekoumou Samba, producteur exécutif de la série Ntaphil, employée à la CRTV, informe qu’il y aura davantage de production locale sur le petit écran dans les prochains jours. Elle rassure qu’entre 2005 et 2016 beaucoup d’idées ont germé dans son esprit et il ne reste qu’à les concrétiser. Pour cela, selon des indiscrétions, il faudra que les mentalités changent au sein de l’Office de radio et télévision du Cameroun. Il arrive généralement que la production soit bloquée à cause des lourdeurs administratives qui ne s’accommodent pas avec l’environnement de production cinématographique. Le retour sur le petit écran des sitcoms camerounais vient mettre fin à la diffusion des télénovelas sur le média à capitaux publics. Même si les budgets consacrés à l’achat des séries étrangères ne sont pas connus, il faut dire que suivant la pratique, la CRTV procède souvent à un échange de service avec Côte ouest audiovisuel par exemple. Le fournisseur mettait ses séries à la disposition de la chaîne publique avec une proposition d’annonceurs potentiels devant meubler la séquence de diffusion. Pour le moment la diffusion des sitcoms camerounais se passe des plages publicitaires. Là se trouve une autre équation à résoudre par la CRTV.

Pierre Nka

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