Cameroun – Rapport 2013: La CONAC esquive les corrupteurs et s’en prend aux institutions

L’organisme n’indexe plus nommément les personnes mises en cause dans leurs enquêtes.
Le 29 novembre 2012, le rapport de la Conac sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en  2011 faisait mention d’un certain ministre des Forêts et de la Faune. Elvis Ngolle Ngolle pour ne pas le citer, était accusé de détournement et complicité  détournement de deniers publics par la Conac. Comme lui de nombreux auteurs de délits de corruption étaient nommément mentionnés par ledit document. Une habitude qu’a désormais perdue l’organe dirigé par Dieudonné Massi Gams. En effet, la Commission Nationale Anti-corruption semble avoir opéré un virage dans sa méthodologie de comptes rendus d’enquêtes. Finie donc l’époque où les personnes épinglées par la CONAC se voyaient nommément citées dans les Rapports annuels. A la place l’organe de Massi Gams préfère verser dans un floutage plus ou moins efficace. Et selon quelques indiscrétions grimperait aux rideaux, si un média s’avisait d’aller au-delà des simples initiales mentionnées dans son Rapport. Notamment celui rendu public ce mercredi 25 novembre 2015.

Gestion catastrophique du CFC
Ainsi, le Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au cours de l’année 2013 ne fait pas exception à la nouvelle donne. Si la Conac charge littéralement de nombreux établissements publics dans son rapport, aucun nom n’est cité. C’est le cas par exemple du Crédit Foncier du Cameroun (CFC). Cet Etablissement public est ainsi accusé sur le plan administratif de non respect des textes, de mauvaise organisation de la structure, de violation de la législation du travail, de favoritisme dans les nominations etc. Des accusations relevées par une gestion financière catastrophique au cours de l’année 2013. Le rapport révèle en effet que cette société a octroyé «d’importants crédits à des personnes ayant des accointances avec la classe dirigeante», à  fait preuve de laxisme dans le recouvrement de prêts octroyés, et a notamment enregistré des «détournements et pratiques de corruptions à tous les niveaux». A ce sujet justement, le Rapport 2013 de la CONAC révèle qu’un déficit de plus de 90,474 milliards a été noté dans cette structure par les agents de la CONAC. Un montant qui combine «les dépenses engagées au mépris des textes et les sommes détournées». Un détournement concrètement qui est estimé à plus de  14,098 milliards Fcfa.

Arnaques au Port Autonome de Douala
Le Rapport 2013 de la Commission Nationale Anti-corruption met également l’accent sur les pratiques de corruptions au Port Autonome de Douala (PAD). Selon ce document l’arnaque accueille les usagers dès l’entrée du PAD. Il s’agit concrètement d’une somme allant de 7000 Fcfa pour les voitures civiles à 40.000 pour les gros porteurs comme frais annuels d’accès au port. Toutefois le badge qui doit être délivré en contrepartie de ces frais n’est pas d’actualité au Port Autonome de Douala. «La négociation» règne de fait en maitresse ici. Une arnaque qui prend également des allures de «poses de sabot». En effet, durant l’attente du chargement, les usagers sont exposés à la pose de sabot sur leur véhicule.  Les amendes des agents du PAD selon le Rapport de la CONAC sont de 100.000 Fcfa, «négociables».

Magistrats  et policiers véreux
Le Rapport 2013 de la Conac chiffre 2.147 plaintes  notamment pour violation des obligations déontologiques, irrégularités … Concrètement sur les 2.147 plaintes contre les personnels judiciaires 164 concernaient directement des magistrats, 1983 notamment des huissiers de justice et des notaires.
Au cours de l’année 2013, la Délégation Générale à la Sureté Nationale (DGSN) a sanctionné 10 fonctionnaires se recrutant parmi les Inspecteurs de police, les Commissaires de police  principaux et des Officiers de Police. Les sanctions. Selon les données de la DGNS les motifs allaient de l’indélicatesse grave à la compromission grave. Certains de ces fonctionnaires ont d’ailleurs été révoqués.

Filière tabac : Allégation de détournement
Le Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption en 2013  fait état d’allégation de détournement dans l’Union des GIC UGROPALT et de  l’existence de 17 Unions de GIC Tabacoles douteuses. C’est ces dernières qui ont « indûment logés»  500 millions Fcfa dans leurs comptes bancaires. A ce sujet, 132 millions Fcfa n’auraient pas été reversés dans le Trésor Public par ces GIC.

Ben Christy Moudio

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