Cameroun – FECAFOOT: C’est officiel, le football camerounais est perdu !

L’Assemblée Générale de 2009 va adopter les textes « normalisés » de la Fécafoot. Les exécutifs régionaux de 2009 viennent d’être ressuscités pour travailler sous la direction du… Comité de Normalisation (CN). On est où là ?
En 2013, le processus électoral se bloque parce qu’on veut arrêter la machine infernale qu’était devenue la Fécafoot sous Iya Mohammed. Ayant taillé les textes à sa mesure, il allait encore gagner les élections. Ses dissidents ont rejoint ceux qui criaient à l’imposture. Les instances juridictionnelles de la Fécafoot ont annulé les élections dans les régions, mais l’exécutif fédéral est passé outre, et a fait « [i]réélire[/i] » Iya Mohammed. Malgré l’opposition du gouvernement, mais avec le soutien de la Fifa.
Une interprétation tortueuse des textes avait empêché le bureau exécutif en place depuis 2009 de continuer la gestion du foot en attendant un nouvel exécutif élu. Iya Mohammed ayant été emprisonné en sa qualité de DG de la Sodecoton, John Begheni Nde (1er vice-président) devait prendre la direction de la Fécafoot. Mais le SG, fidèle de Iya Mohammed, a fermé les locaux à John Nde. De fortes tensions sont nées, et les pouvoirs publics ont quasiment scellé le siège de la fédé.
On s’est plaint à la Fifa de cette « ingérence » du gouvernement. La Fifa, mal à l’aise dans ce conflit, s’est agrippée à cette dénonciation et a suspendu la Fécafoot. Le gouvernement s’est rendu à la Fifa, et un compromis a été trouvé pour que la suspension soit levée : ni l’exécutif de 2009 qui devait légitimement rester en place, ni celui illégal et illégitime de 2013, ne gèreront plus la Fécafoot, mais un Comité de Normalisation (CN) avec des missions précises et des pouvoirs étendus.
Quand le CN s’installe, alors qu’on attend qu’il désigne des CN régionaux et départementaux, il choisit curieusement de n’en nommer qu’à certains endroits, et pas à d’autres. Il partagerait ainsi la gestion avec l’exécutif de 2009, ce qui était contraire à l’esprit du compromis Fifa-Gouvernement. De plus, il a conservé le SG, ce qui indiquait que l’administration de la Fécafoot était toujours entre les mains du clan Iya Mohammed.
Au moment de faire adopter les textes, on estime que cela doit être fait par l’Assemblée Générale de la Fécafoot. Décision qui enlève à la normalisation son caractère de période d’exception. La Fifa et le gouvernement n’étaient pas allés au bout de leur compromis, en prévoyant le mode d’adoption des textes à réécrire. On allait s’en tenir aux textes en vigueur à la Fécafoot, et l’AG de 2009 en cours allait procéder à l’adoption. Magie : le CN, sur les instructions de la Fifa, choisit plutôt l’AG de 2013. Une AG qui n’a jamais existé allait adopter les nouveaux textes de la Fécafoot !
Les « opposants » au camp Iya-Tombi (le SG s’est émancipé entretemps) ne sont pas d’accord. Procès. Le TAS tranche en dernier ressort : c’est l’AG de 2009 qui adoptera les textes réécris par le CN. Le mandat des CN régionaux étant arrivés à leur terme, on pense que le CN va simplement les proroger. Erreur ! Le CN choisit plutôt de dissoudre toutes les ligues régionales et départementales en place, et de les remplacer par des CN régionaux et départementaux.
Nouveau procès à la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage (CCA) du Comité National Olympique et Sportif (CNOSC) : les accusateurs estiment qu’il est illogique et illégal que l’AG de 2009 soit remise en selle, et que les exécutifs régionaux dont elle émane soient supprimés. C’est un boycott larvé de la décision du TAS réhabilitant l’AG de 2009. Procès gagné : la décision du CN est annulée, et tous les exécutifs régionaux et départementaux de 2009 sont réhabilités. Le CN annonce qu’il va interjeter appel auprès du TAS.
Cette sentence de la CCA est certes logique, mais elle mène le football camerounais dans une impasse. Parce que l’éventuel appel au TAS va ouvrir un autre procès chronophage. En attendant, il y aura bicéphalisme dans les ligues régionales et départementales : les exécutifs de 2009 et les CN vont s’en disputer la gestion. Ces exécutifs de 2009 sont eux-mêmes divisés pour certains, leurs membres ayant épousé les causes des différents camps qui s’affrontent à la Fécafoot, et il sera difficile qu’ils puissent travailler en harmonie.
Des bagarres pour l’occupation des locaux sont annoncées. Les compétitions vont certainement être organisées en double, chaque exécutif organisant les siennes, avec les clubs acquis à sa cause. L’ordre public sera perturbé, et les autorités étatiques vont réagir. Blocage renforcé !
Ces exécutifs de 2009 qui ont rendu notre foot anormal sont appelés à décider de son avenir. Le CN venu assainir la situation s’est enlisé dans les partis pris. C’est la quadrature du cercle. La Bible dit : «[i]personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. A vin nouveau, outres neuves[/i] » La démission du CN ou le retrait de l’agrément du gouvernement à la Fécafoot peuvent-ils aider à démêler cet écheveau? Rien n’est moins sûr avec les sombres intérêts en jeu.
«[i] Si, marchant dans la forêt, tu rencontres deux fois le même arbre, c’est que tu es perdu[/i] », enseigne la sagesse chinoise. S’il retrouve sur son chemin ses gestionnaires de 2009, c’est que le foot camerounais est perdu.

Charles MONGUE-MOUYEME, http://cameroon-footbuzz.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *