Cameroun – Télécommunications: Viettel veut une prolongation de son exclusivité sur la 3G

Le troisième opérateur mobile demande au gouvernement que ses deux ans de monopole sur la 3ème génération comptent à partir du démarrage de ses activités programmé en septembre 2014.[pagebreak]C’est encore un murmure dans les couloirs d’Etoudi, mais ce sera bientôt une mini secousse dans les milieux des télécoms au Cameroun. Des sources bien informées indiquent que Viettel, concessionnaire de la troisième licence de téléphonie mobile au Cameroun, a récemment saisi la présidence de la République pour une demande bien particulière.
L’entreprise vietnamienne sollicite que l’exclusivité de deux ans sur la troisième génération, qui est assortie à sa licence de téléphonie mobile, soit décomptée à partir du lancement effectif de ses activités, programmé pour septembre 2014. Une requête qui ne va pas tarder à hérisser le poil des concurrents en poste, Orange et MTN, en attente urgente de la 3G. Et qui creusera davantage le retard du Cameroun, aujourd’hui parmi les cinq derniers pays africains à n’être pas encore passés à la 3G, alors qu’il était le premier à implémenter le GSM en Afrique.

En effet, c’est à travers un communiqué de presse publié le 10 décembre 2012 par le Ministre des Postes et télécommunications, qu’avait été annoncée l’arrivée de Viettel (70% Viettel Global JSC, basée à Hanoi au Vietnam, et 30% de Bestinver Cameroon, apparteant à Ahmadou Danpoullo, homme d’affaires camerounais) dans l’univers de la téléphonie mobile au Cameroun. En plus de la troisième licence attribuée à 20 milliards de francs CFA, Viettel bénéficiait de la 3G de façon exclusive pendant deux ans, tel que prévu dans le contrat signé avec le gouvernement.

Le groupe s’était alors engagé à investir près de 200 milliards de FCFA pour couvrir, dès le lancement de ses activités, 81% de tout le territoire camerounais avec les technologies mobiles de 2ème et 3ème générations. Viettel avait aussi promis de pratiquer des prix de 15 à 20% plus bas que les tarifs d’appels pratiqués actuellement, mais aussi d’améliorer l’offre Internet dans le pays. Le démarrage des activités était alors envisagé pour décembre 2013, soit un an après la signature du contrat de concession. Orange et MTN avaient déjà, sans équivoque, critiqué ce monopole sur la 3G accordé au nouveau venu, alors qu’ils sollicitent depuis plusieurs années l’autorisation de développer ce service, qui améliore l’accès à Internet, permet le visionnage de vidéos, voire d’émissions de télévision et la visiophonie.

Le gouvernement avait tenu bon, en invoquant sa souveraineté à disposer de ses télécommunications. L’exclusivité de Viettel sur la 3G, au regard du contrat signé en décembre 2012 avec l’Etat du Cameroun, était comptabilisé à partir de la date de son attribution. A la vérité, quand Viettel annonce le lancement de ses activités à décembre 2013, il ne peut plus jouir que d’un an de monopole sur la 3G. Mais les choses se compliquent pour l’entreprise vietnamo-camerounaise: elle repousse le démarrage de ses activités en mars puis en septembre 2014. Si Viettel tient cette échéance, elle ne disposera plus que d’un monopole de trois mois, jusqu’en décembre 2014. Un gâchis que l’entreprise ne veut pas avaler, d’où le lobbying auprès du gouvernement pour enclencher un nouveau décompte de monopole sur la 3G à partir du lancement effectif de ses activités.

Mais il y a une réalité dont le gouvernement a tenu compte en fixant le délai d’exclusivité de la 3G à Viettel, mais que cette dernière a peut-être perdue de vue. Dès cette année 2014, le contrat de concession d’Orange Cameroun, signé le 7 juillet 1999 pour 15 ans, s’achève. Et l’année prochaine, le contrat de MTN Cameroon, signé le 15 février 2000 pour une période de 15 ans également, arrive â son terme. L’une et l’autre entreprise vont ouvrir des négociations avec le gouvernement, si ce n’est déjà le cas, en vue d’un nouveau contrat pour une licence de téléphonie mobile complète, donc qui inclura indiscutablement la 3G.

Le gouvernement ne peut donc accéder à la demande Viettel sans se mettre en difficulté avec ses deux premiers partenaires dans la téléphonie mobile, qui exercent déjà une pression intenable sur le gouvernement pour libérer la 3G, soutenus qu’ils sont par l’ensemble des utilisateurs de l’internet, désabusés par le débit actuellement offert. Les ambitions de croissance économique du pays et le retard accusé dans ce domaine par notre pays au regard du déploiement de la 3G en Afrique finissent d’obliger le gouvernement à offrir aux Camerounais ce service qu’ils attendent depuis bien longtemps. Ce qui ne donne pas beaucoup de chance à la requête de Viettel. Quoique.

Source: Repères

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