Cameroun – Paludisme au Cameroun: Encore des décès par milliers

Le pays a fait de l’élimination ou du moins de la réduction du nombre de décès liés à cette maladie endémique un objectif national. Les progrès réalisés avec la collaboration des Ong, des partenaires nationaux et internationaux autorisent l’espoir.[pagebreak]1- Plus de 12 millions de Milda à distribuer en 2015
Samedi 19 avril 2014. Certains quartiers de la ville de Yaoundé connaissent une effervescence particulière en raison du passage de la caravane mobile de sensibilisation à la lutte contre le paludisme (KO Palu). Pendant presque une journée, il s’est agit pour «Malaria no More», initiatrice de cette activité en collaboration avec le ministère de la Santé publique à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) et bien d’autres partenaires, de « sensibiliser toutes les populations camerounaises notamment celles qui n’ont pas souvent accès aux messages qu’on passe à travers la radio, la Tv, etc. ; leur donner des informations clés qui vont leur permettre de protéger leur famille contre le paludisme et sauver des vies », explique Olivia Ngou, Coordinatrice pays de «Malaria no More». Il s’agit notamment de : «dormir sous une moustiquaire imprégnée chaque soir ; et dès qu’une personne dans notre entourage a la fièvre, il faut directement l’ammener au centre de santé pour le test de diagnostic rapide qui coûte seulement 200 Fcfa», poursuit cette dernière. D’après qui, 10 000 personnes à Yaoundé sont ciblées par cette caravane.
Afin de mieux passer les messages, des arrêts ont été prévus dans le parcours.

Notamment au Rond-point express par Melen ; stade Etoudi, et Gare routière de Mimboman, en passant par le marché Mokolo, des quartiers populaires situés quasiment aux quatre coins de la ville. Où des équipes ont procédé à des démonstrations de l’installation de la Milda (moustiquaire imprégnée à longue durée d’action) ; du diagnostic du paludisme avec des tests de diagnostic rapide (Tdr). Mais aussi la sensibilisation s’est faite à travers des prestations scéniques de jeunes gens engagés ; la diffusion des chansons de célèbres artistes sur cette thématique ; des jeux concours qui ont permis à certains de gagner de nombreux lots. Dont des Milda, classés au rang des mesures efficaces de prévention du paludisme. Si bien que le Cameroun qui a réalisé sa première distribution de masse de Milda en 2011, prévoit de rééditer cet exploit en distribuant plus de 12 millions de Milda dans un avenir proche. Probablement en 2015, selon certaines sources proches du ministère de la Santé publique.

2- Des avancés notoires…
A en croire certains cadres du ministère de la Santé publique et responsables du Programme national de lutte contre le paludisme, les différents indicateurs disponibles sur cette affection présente une diminution de la morbidité palustre qui est passé note Dr Etienne Fundjo, secrétaire permanent du Pnlp de 41% en 2008 à 27% en 2013. Grâce notamment, vante-t-il, à la prise en charge et à la prévention. Lesquels ont permis d’engranger des résultats positifs. A titre d’exemple, d’après lui, il faut noter que le traitement du paludisme simple chez les enfants de moins de 5 ans se poursuit dans les formations sanitaires. Également, « l’échiquier de l’utilisation de la moustiquaire la dernière enquête montre que dans la population camerounaise le taux d’utilisation de la moustiquaire imprégnée a suffisamment augmenté. Puisqu’il est passé de 13% à 39% dans la population générale. Les femmes enceintes dorment de plus en plus sous la moustiquaire imprégnée », observe Dr Fundjo. Soit de 17% en 2011 à 40,9% en 2013.

Toujours dans le registre des lauriers, le Pnlp mentionne que le coût du traitement du palu est réduit. « Vous pouvez traiter un paludisme simple à 250 FCfa. Très rapidement dans les prochains jours le paludisme grave sera aussi gratuit chez les moins de 5 ans comme le président de la République l’a prescrit dans son dernier message à la nation », rassure son secrétaire permanent. Qui toutefois avoue que ces avancées bien que significatives n’ont pas permis de sortir le Cameroun de la phase dite de « contrôle » de cette maladie. Raison pour laquelle la lutte à son avis se poursuit afin de « sortir du contrôle vers la pré-élimination de cette maladie. Pour cela, nous devons mettre des interventions à haut impact pour espérer d’ici très peu voir le palu reculer de manière significative ». En attendant, la malaria continue de détruire des familles en laissant au sein de la population de nombreux orphelins, des veufs et veuves ; mais aussi en privant des gamins de la vie. A ce fardeau social, il faudrait ajouter celui économique dans la mesure où le paludisme est un facteur de pauvreté. Des études ont en effet relevé qu’il absorbe 25% du revenu des ménages et constitue 40% des dépenses de santé pour le gouvernement.

3-3200 morts en 2013 et l’espoir demeure, malgré tout !
En effet, avec près de 90% des décès dans le monde, le paludisme demeure un problème de santé publique en Afrique. Transmis par les moustiques (Anophèles femelles), il est le plus connu des fléaux à transmission vectorielle selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). Car de toutes les maladies transmises par les insectes, il est celui qui fait le plus de victimes. On lui impute la mort d’un enfant toutes les minutes, principalement en Afrique où il a fait 660 000 victimes en 2012. Au Cameroun, affirme Dr Charlotte Faty Ndiaye, représentant de l’Oms, à l’occasion de la célébration officielle de la Journée mondiale de la santé dans le pays « le rapport mondial 2014 [de l’Oms, ndlr] sur cette maladie indique près de 1 600 000 cas de paludisme, avec 3200 décès dont 2000 chez les moins de deux ans (41%). On se souvient que la région de l’Extrême Nord a particulièrement été affectée l’année dernière. On y a observé une forte recrudescence des cas de paludisme. Soit 287 208 cas suspects, dont 261 489 cas testés positifs de paludisme et 158 151 cas confirmés. Près de 1600 décès ont été enregistrés, soit la moitié des décès rapportés au niveau national pour toute l’année.

Des morts qui ne devraient pas être car le paludisme est évitable et guérissable. En 2011, le Premier ministre à travers le ministère de la Santé publique et ses partenaires dont Malaria no more a lancé la Campagne nationale KO Palu qui vise à réduire d’au moins 75% les décès liés au paludisme au Cameroun avant 2018. Au regard du nombre de décès que continue de causer cette maladie, la bataille s’avère rude. Et pour les Etats membres de l’Oms qui ont en 2007 institué la journée mondiale de lutte contre le paludisme, la prévention et la lutte contre cette maladie nécessite un investissement sur la durée et un engagement sans cesse croissant de la population. D’où le thème : « Investir dans l’avenir. Vaincre le paludisme », adopté pour la période 2013-2015. Dans son mot de circonstance lors de la journée mondiale de la santé, le 7 avril dernier, Dr Luis Gomes Sambo, directeur régional de l’Oms pour l’Afrique relève qu’entre 2001 et 2012, 337 millions de cas de paludisme ont été évités.

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